Un mécanisme de roue libre de vélo peut faire très peur avec ses billes minuscules, ses rondelles épaisses comme du papier à cigarettes, ses ressorts fragiles et ses cliquets qui ne tiennent pas en place. Tout un bazar qui ne demande qu’à sauter partout dès qu’on y jette un coup d’œil… Et qu’il est impossible de remonter par la suite !
Je vous le dis, tout cela est très exagéré en vérité. Dans une prochaine série d’article, je vous montrerai que c’est loin d’être infaisable avec un minimum de méthode et de patience. D’accord, mais aller trifouiller dans les entrailles du point clé de la transmission ; d’abord, pour quoi faire ?
Il faut se poser la question quand :
- Le mécanisme est bloqué ou très dur à tourner. Ce n’est pas forcément grave. Un stockage prolongé et une vieille huile crasseuse figée peuvent en être la cause… mais il faut tout démonter pour nettoyer !
- En tournant doucement, vous sentez des points durs. Ça tourne « carré » et les billes le sont peut-être devenues elles aussi, à moins qu’une bonne crasse soit simplement à éliminer.
- En secouant la roue libre, vous entendez un bruit de crécelle ou de cymbale. Le mécanisme n’a plus une seule goutte d’huile et les billes ont probablement pris trop de jeu.
- En faisant s’engager les cliquets brutalement ou au contraire tout doucement, le verrouillage est hésitant ou paraît mollasson. Les cliquets sont usés ou leurs ressorts ont simplement besoin d’être retendus.
- Vous entendez un bruit de sable, ça gratte en tournant doucement. Le mécanisme doit être sérieusement encrassé… et ne demande qu’à être nettoyé !
- En tenant le centre de la roue libre, vous arrivez à mettre les pignons légèrement en crabe. Il y a trop de jeu dans le mécanisme. À moins que les chemins de billes ne soient trop creusés, en supprimant une rondelle les choses s’arrangeront probablement.
- Les cliquets commencent à avoir des ratés. Ne pas attendre que ça s’arrange tout seul, car ça ne s’arrangera pas ! Cliquets ou dents de loup usés, mécanisme collé par la crasse ou ressorts détendus ; la défaillance totale peut arriver très vite, même si les mécanismes anciens sont plutôt robustes.
- La roue libre est recouverte de boue, de rouille, de tout ce qu’on peut imaginer de plus dégueulasse. Un simple huilage par l’extérieur n’aboutira qu’à liquéfier toute la crasse déjà à l’intérieur… Pour former une magnifique pâte abrasive, et tout user en un temps record !
- Vous entendez quelque chose se balader dans la roue libre en la secouant. Chemins de billes creusés, billes usées, cliquet cassé… Grave ou pas, vous aurez la réponse en ouvrant !
- Vous entendez des bruits de ferraille d’apparition brutale en roulant. Un cliquet est peut-être cassé, ou quelque chose d’autre… À voir ! Ceci dit, une roue libre qui devient très progressivement bruyante, sans signe d’alerte, manque tout simplement d’un peu d’huile !
Bref, dès que quelque chose vous semble étrange ou inhabituel, il faut ouvrir pour une bonne remise en état. On peut avoir de bonnes comme de mauvaises surprises…
Sur cette photo c’est plutôt une mauvaise, mais maintenant – vu les cratères et les dents attaquées – on comprend mieux pourquoi les cliquets avaient de gros ratés !
Pour finir, se contenter de lubrifier par l’extérieur un mécanisme de roue libre dégueulasse est d’une manière générale toujours une mauvaise chose. La crasse se trouvant réhumidifiée par l’huile – le pétrole ou tout ce que vous voulez d’autre – formera une magnifique pâte à roder idéale pour… achever votre roue libre !