Les Flèches de France « vintage » : Paris – Dieppe

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Le cycle des Flèches de France « vintage »,
épisode 1.

 

le vélo pour aller à Dieppe :Peugeot P50 (1977)
nombre de vitesses :1 x 4
développement maximum :6,05m (42/14)
développement minimum :3,55m (42/24)
poids du vélo :15,5kg
dénivelé du parcours :730m/100km

 

Alors voilà, j’attaque un nouveau cycle des Flèches de France… dans l’autre sens, par l’autre bout par rapport à mes vadrouilles d’il y a quelques années. L’aventure sera longue, encore ; belle sans doute, et c’est là l’essentiel !

Nouvelle année, nouvelle donne. Mi-janvier donc, c’est reparti. Faire chacun de ces brevets avec un vieux clou en mode non-stop, il faut quand même avoir une case en moins ! Histoire de vérifier – en douceur – la validité du concept, je vais débuter sur la plus petite distance – moins de 200km – avec un pur traîne couillon de 15,5kg à 4 vitesses… Difficile de faire pire, mais en cherchant un peu, j’aurais pu ! Le brave Peugeot P50 de 1977 devra m’emmener de Paris à Dieppe dans la journée… Ce qui devrait être faisable avec ce vieux percheron, mais pas forcément sans mal, on verra bien. Pour paraphraser Lao Tseu, l’important n’est pas le but mais le chemin, et avec qui – ou quoi – on le fait.

6h du mat, en route ! La nuit règne encore, opaque comme la lune nouvelle est réduite à sa plus simple expression, sobre signature dans le noir. Température négative. -2°C environ, sans doute moins encore en attendant le jour à mesure que je m’éloignerai de Paris. Premier pointage, départ décalé, pas grand-chose d’ouvert à Franconville. Pas de tampon à la boulangerie, les autres commerces endormis. La suspicion de plus en plus courante envers le client de passage m’agace prodigieusement. Comme si un foutu cachet de magasin comportait des données confidentielles, comme si avec ça j’allais pouvoir magouiller je ne sais quoi de tordu ! Trop tôt, alors je me rabats sur le distributeur de billets plus loin sur l’avenue, puis reprends le grand axe vers Pontoise. Pas beaucoup d’intérêt à cette route plate et large, à cet urbanisme continu et sans âme. Point positif, il n’y a pas encore beaucoup de bagnoles à cette heure-ci. Le seul avantage à ce genre de voies passantes est de permettre de fuir facilement Paris, et ça tombe bien, c’est mon but !

Le contrôle suivant, Pontoise, arrive vite et c’est reparti sur des routes encore tranquilles cette fin de nuit d’hiver. Je pensais rencontrer plus de circulation pour m’extraire de la région parisienne, hé bien non, tant mieux. Petite hésitation dans Ableiges où la D28 n’est pas indiquée, puis j’affronte la première bosse du parcours pour sortir du village. La petite montée confirme que le vélo lourdaud n’est pas fait pour les côtes ; on sent bien son poids, mais jusque-là rien d’insurmontable. La longue montée au sortir de Marines, comme tous les reliefs du Vexin, demandent à être pris patiemment. Il ne sert à rien de brusquer un vélo qui n’est qu’une enclume ! Le petit jour apparaît, comme aurait pu dire Victor Hugo, à l’heure où blanchit la campagne ; et avec les températures négatives elle semble saupoudrée de sucre glace, la végétation campagnarde. C’est joli mais glacial. Ça impose sinon le respect, au moins la prudence. Ne pas faire trop de fantaisies, aborder les virages pas trop vite, le verglas ne semble pas très loin. L’humidité de la route croustille sous mes roues. Juste après Marines, l’entrée dans l’Oise est marquée par La Mendicité. Drôle de nom, mais qui confirme son identité : le lieu-dit ne brille pas par l’opulence ! En cheminant tranquillement dans l’horizon dégagé, je ne rencontrerai finalement que quelques petites bosses jusqu’au pointage de Chaumont-en-Vexin.

Les kilomètres s’égrènent et le froid persiste. Pas loin d’une centaine de faits, la moitié du parcours déjà, et j’ai mal au cul, il faut appeler un chat un chat ! La selle qui se résume à une simple coque en plastique atteint ses limites en termes de confort. Pour me soulager, j’en profite pour faire une petite pause photo autour de l’église Saint-Aubin de Doudeauville-en-Vexin avec son clocher effilé. Encore quelques petites bosses sur cette étape, où à cause du poids colossal du vélo il ne faut pas hésiter à jouer du dérailleur ; enfin, c’est vite dit – et vite fait – avec 4 vitesses ! La traversée de la forêt de Lyons se fait par une belle cuvette. Le poids du vélo est agréable dans la longue descente, merci Monsieur Newton… et un peu laborieux à traîner dans la remontée ; on ne peut pas tout avoir non plus ! Le pointage est tout près, dans la descente suivante, en lisière de forêt où se dévoile Lyonsla Forêt.

Le village a perdu de sa superbe depuis ma dernière visite sur les BCN / BPF normands. Dans le centre-ville, des commerces ont fermé et des travaux ont lieu un peu partout. En y ajoutant la tristesse nébuleuse d’un matin d’hiver glacial, le tableau est assez déprimant ! En quittant le bourg qui n’apparaît pas sous son meilleur jour, j’aborde une longue montée pas trop difficile. Je passe devant l’église de La Feuillie, coiffée elle aussi d’un clocher incroyablement effilé. La température monte laborieusement. En milieu d’après-midi, l’eau des flaques et des mares le long de la route amorce enfin son dégel. En approchant de Forges-les-Eaux, le ciel devient de plus en plus menaçant. Blanc-bleu tout autour, et noir devant ! La première partie d’étape comporte comme sur les précédentes, de légères bosses ; puis en rejoignant la voie verte, place au calme plat. Bientôt une petite pluie fine et glacée commence à tomber comme je cherche à pointer à Neufchâtel-en-Bray.

En repartant, de retour sur la voie verte de la ligne SNCF abandonnée, la tranquillité plate règne de nouveau sur cette dernière étape, tandis que le crachin se fait plus évident. Le château de Mesnières-en-Bray se dresse dignement face à l’humidité qui s’intensifie. « Rares averses » avaient promis les oracles de la météo. Rares, peut-être, mais à chaque fois au-dessus de ma tête ! La pluie se transforme en neige fondue à mesure que je me dirige vers Dieppe. Étrange qu’en s’approchant du littoral, les températures ne s’adoucissent pas. La monotonie de la pluie s’ajoute à celle de la voie verte, avant de retrouver la circulation grouillante de l’agglomération dieppoise en fin d’après-midi. J’atteins l’arrivée à Dieppe dans le jour déclinant. Et voilà une courte journée hivernale bien occupée et une première Flèche de France – la plus courte et globalement plate – réussie. La ballade a été agréable, cependant en restant lucide, j’aurais difficilement pu accomplir un parcours plus exigeant – en restant dans de bonnes conditions – avec ce Peugeot P50. Malgré tout, le concept de ce cycle consacré aux vélos « vintage » est validé… Y’a plus qu’à !

 

Voir ICI pour la Flèche réalisée (en doublé) dans l’autre sens avec un vélo moderne.

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