BCN et BPF : Franche Comté – 25 Doubs & 39 Jura & 70 Haute-Saône

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Kilomètres réalisés : 18680
Provinces BPF validées : 25 / 36
Départements BCN validés : 63 / 91

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T’as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul, chantait Brel. Vesoul j’l’ai déjà vu, m’y suis perdu à vrai dire. Je n’ai ni aimé ni détesté, la ville m’a laissé totalement froid ! En y retournant, on verra bien si cette impression se confirme… ou non ! Si du nord au sud ce circuit remplit bien le territoire franc-comtois, il aurait mérité d’être davantage étiré à l’ouest vers Dôle et à l’est vers Montbéliard, mais bon, avec 740km ça fait déjà une bonne sortie ! L’essentiel étant de valider les 24 pointages de ces Provinces Françaises, alors ça ira. Du coup, pas beaucoup de cols sur ce parcours, un seul pour tout dire, celui de la Croix de la Serra avec ses 1049m, donc finalement assez facile pour un circuit comportant une traversée du Jura… mais n’allez pas croire non plus que tout sera tout plat avec près de 8000m de dénivelé pour 740km.

Sorti de la gare, Vesoul ressemble à toutes les villes moyennes de province, sans grande personnalité apparente, sans transition, sans banlieue, rien. Rendu à la campagne, l’identité comtoise devient plus évidente avec le dôme à l’impériale de l’église de Colombe-lès-Vesoul… sauf que le symbole n’est plus ce qu’il était – ou alors mon imaginaire est trop caricatural – car en fait sur toute cette étape, en étant attentif on contemplera une palette plutôt insoupçonnée et diversifiée de types architecturaux de clochers ! Les églises c’est une chose, mais on est aussi là pour prendre de la hauteur. Le liseré gris bleuté de montagne entrevu à l’entrée de Lure, presque anecdotique, rejaillit soudainement tout proche en sortant de Mélisey. Épouvantail jusque-là inoffensif, on ne s’attaquera pas au relief tout de suite, pas aujourd’hui en tout cas, et cette étape restera bien roulante, facile, jusqu’au premier pointage de Servances.

En repartant, c’est une autre histoire, finie la tranquillité du voisinage de la vallée de l’Ognon. La route change de visage, se cabre tout de suite avant même d’être ressorti du bourg… alors que pourtant on tourne le dos aux Ballons des Vosges ! Le raidillon passager est immédiatement suivi, après un court replat, d’une côte plus longue à 13-16 % ; et après un petit répit, d’un troisième temps à 11 % s’assagissant à 8. Après cette mise en jambes aussi âpre que surprenante pour se hisser sur le Plateau des 1000 Étangs, à La Mer on reste sur les hauteurs avant de se laisser glisser vers Faucogney. Beaucoup de cyclos en sortie sont croisés sur cette petite route… parce que tranquille justement, et ça doit se savoir dans le coin ! À partir Faucogney tout redevient plat, pour arriver à Luxeuil-les-Bains en suivant la vallée du Breuchin.

Je trouve presque toujours un côté suranné et apaisant aux petites villes thermales, ce qui les rend particulièrement agréables à traverser après y avoir musardé tranquillement. Luxeuil n’y fait pas exception et a elle aussi, le charme de ses vieilles pierres. Dans la petite boulangerie du centre-ville où je m’arrête pour faire pointer mon carton, le vendeur a l’accent suisse tel qu’on peut l’entendre caricaturer. Un instant très plaisant, d’autant plus que l’homme semble d’un naturel loquace. Après un redémarrage tranquille, la route se fait vallonnée à partir d’Abelcourt. L’interlude plat de Faverney à Amance, est suivi d’une petite montée sinueuse pour quitter le village. Le pointage de Blondefontaine se présente dans la descente… mais se mérite auparavant par un peu de relief : une assez longue côte facile pour arriver à Jussey, une petite montée à Jussey-gare et une dernière plus prononcée pour traverser Raincourt.

Le village est minuscule, les commerces inexistants. C’est l’heure de fermeture, le boulanger d’allure sympathique… disparaît aussitôt en me voyant entrer ! D’habitude, on me fout dehors de manière plus explicite ! Je ne comprends pas, avant de le voir revenir le tampon à la main. L’homme avait deviné mes intentions – visiblement pas moi, les siennes – par habitude de voir débarquer des cyclos, en restant le seul pointage du bourg. Malgré décentralisation, télétravail et poudre aux yeux, l’instant cocasse cache l’état de désertification – parfois jusqu’au tragique – de nos campagnes. Pendant ce temps, arrive une vaillante septuagénaire qui saute de son quad pour se ruer dans la boutique… puis nous repartons de manière synchronisée en enfourchant nos montures respectives. Décidément la ruralité n’est plus ce qu’elle était, malheureusement pour les petits commerces, et heureusement pour la vitalité du troisième âge qui est quand même mieux à voir pétarader sur ce genre d’engin, que sorti la journée sur une chaise à regarder comme une plante verte la vie passer devant chez eux ! On n’en voit plus beaucoup des Vieux exposés sur les pas-de-porte des villages… mais si c’est pour les mettre à l’ombre des EHPAD, est-ce forcément mieux ? J’en suis là de mes pensées, et sans lever la tête je passerais presque devant l’église, perchée en hauteur et camouflée derrière son muret, comme si de rien n’était et sans me rendre compte de sa forme octogonale qui la rend si particulière. C’est reparti. Je ne tarde pas pour pouvoir profiter du jour et rallier Montigny-lès-Cherlieu pour en faire le dernier pointage d’aujourd’hui. Une douzaine de kilomètres, une formalité. En chemin, après Barges, je croise pour la troisième fois de l’après-midi la voie SNCF qui m’a fait démarrer de Vesoul ce midi… et qui au terme des 740km de cette randonnée, me verra revenir dans deux jours pour attendre le premier train du matin dans l’autre sens.

Autour de Montigny-lès-Cherlieu, s’étale une montée en long faux plat sur plusieurs kilomètres en forêt, avant de retrouver l’espace dégagé agricole. La route reste ensuite vallonnée mais facile jusqu’à Volon… où l’on s’envolerait presque ! Pour rester dans les jeux de mots douteux, Brotte-lès-Ray, Membrey, comment ne pas voir dans ces villages qui se suivent – effets de la chaleur et de la fatigue mis à part – autre chose qu’une allusion grivoise ? L’instant suivant, le soleil inonde le blé mûr d’un jaune fluo puis rose pastel irréels en s’apprêtant à se coucher ; dernière bataille de la journée au terme de laquelle les nuages effilochés se retrouvent incendiés sous mes yeux. En traversant Dampierre-sur-Salon au crépuscule, je suis surpris de voir surgir dans toute cette ruralité un immeuble habillé de verre qui tranche par sa modernité, planté au milieu du petit bourg campagnard, semblable à tant d’autres que j’ai pu traverser aujourd’hui. La rencontre est tout à fait improbable, voire choquante pour qui ne s’y attend pas. Les ténèbres recouvrent lentement Gray et la lune pleine émerge paresseusement de ses nuages filandreux. La nuit s’annonce paisible, le contrôle de Pesmes n’est plus qu’à une vingtaine de kilomètres, tout va bien.

Comme on ne peut pas faire de tourisme la nuit pour la fédération, pointage impossible ! Pourtant le village est beau dans ses vieilles pierres baignées par la lumière dorée de l’éclairage publique. Je flâne un moment, rien ne presse, puis vais me cacher dans un petit recoin un peu à l’écart du village… en attendant le retour du jour. Dans la brume légère embellissant le petit matin, c’est reparti. 5h donc… Pas d’humidité dans l’air, une chaude journée hier, bien sèche, curieux ce brouillard. La route est sans grande difficulté, et la deuxième partie après Rans – et les ruines industrielles de ses Forges – se passe agréablement sur la voie verte traversant la forêt de Chaux en parallèle de la route départementale. Les deux voies de circulation forment une large saignée à découvert qui ne donne pas la sensation de sillonner un espace boisé. Le chant obstiné des oiseaux semble vouloir contredire mon impression. Cette mise en jambes matinale tranquille m’amène à Arc-et-Senans pour pointer devant la Saline Royale.

Le scénario d’hier se répète, après une première étape facile suivie de la petite quinzaine de kilomètres tranquilles jusqu’à Salins-les-Bains, en repartant, c’est une autre histoire, la route se cabre immédiatement. Il faut tout de suite remonter en ville dès qu’on oblique en direction de Nans-sous-Sainte-Anne. Le panorama s’ouvrant sur le relief est splendide malgré le voile atmosphérique blême du matin. On se rapproche un peu de la montagne le temps de grimper sur cette étape, mais on n’y sera à proprement parler que plus tard dans la soirée. En attendant, la montée est irrégulière avec deux bons moments de replat, puis la redescente est franche avec une perte de 200m de dénivelé pour se laisser glisser jusqu’au contrôle de Nans-sous-Sainte-Anne.

Cul-de-sac de ce circuit, il faut refaire le chemin à l’inverse. Après un bon décrassage dans les toilettes publiques, c’est mieux ! Forcément, il y a un air de déjà-vu évident sur cette étape en symétrie… à commencer par le dénivelé à reprendre par une montée plus courte dans ce sens, avant de profiter d’une plus longue descente – c’est toujours ça de pris – irrégulière cette fois, pour retrouver Salins-les-Bains au bas de la pente. Si vous n’y avez pas pointé la première fois, c’est le moment de le faire !

Remis en route, une longue montée se présente vite en quittant Bracon. Ingrate à 10-13 %, elle s’étire jusqu’à la sortie de Champagny et se répète en ricochets plus courts et moins rudes pour atteindre Chilly. Après s’être hissé sur les hauteurs, le chemin se poursuit sur les routes forestières aux bosses faciles, apportant un peu de fraîcheur à cette fin de matinée. En deuxième partie, les toboggans ne sont pas trop usants, plutôt joueurs. Le long des crêtes enserrant Baume-les-Messieurs, le bord de la route s’ouvre vertigineux sur une faille profonde qu’on devine par instants entre les trouées des arbres. J’essaie de ne pas trop regarder, pour calmer mon naturel acrophobe. Je sais, pour quelqu’un qui aime rouler en montagne et gravir – péniblement, il faut le dire – les cols c’est un peu paradoxal… Vertigineux donc, mais c’est là qu’il faut aller. Les deux derniers kilomètres à dévaler la descente le confirment.

Passé le pointage dans le très joli petit village blotti au fond des gorges, ce qui se confirme également après en avoir fait le tour, c’est que pour ressortir de son écrin de pierre, il faut se hisser à nouveau par où on est descendu ! Remonter la pente s’apparente à un jeu de patience pour ne pas se mettre en surchauffe ; l’après-midi, le minéral et le bitume s’alliant pour concentrer la température caniculaire de cette mi-juin… Il ne fait pas bon être cardiaque dans ces moments-là, je peux vous le confirmer ! Une fois revenu sur les hauteurs, le chemin se fait plutôt roulant jusqu’au bout… de quoi atteindre Orgelet en rattrapant un peu de temps, même si en deuxième partie le rythme peut parfois se ralentir.

Le centre-ville est pris dans la circulation, et en repartant la route se fait plus calme et vite vallonnée, avec des portions s’inscrivant dans la durée. En entrée de Cernon, l’ancienne fontaine est reconvertie en jardinière. Rien ne coule a priori, sauf qu’au milieu des fleurs un robinet délivre de l’eau du réseau public… Une bonne initiative pour mes bidons ! En approche du barrage du Vouglans la route plonge, mais ce répit cache toutes les montées qui s’éternisent et rendent cette étape ingrate. Le parcours se rapproche de l’urbanisation en frôlant Oyonnax, puis en traversant Arbent il franchit le Merdançon, ruisseau insignifiant qui a l’air de mériter la consonance rugueuse de son nom ! La route semble monter depuis une éternité, de manière inégale depuis Dortan déjà, et ce n’est pas fini… jusqu’au Col de la Croix de la Serra – pas bien dur à atteindre en lui-même – et permettant de rejoindre le contrôle des Bouchoux après un petit rebond dans la descente.

En remontant pour retourner sur la route de Saint-Claude, le petit village apparaît avec son église blanche baignée du soleil du soir. On peut enfin profiter de la douzaine de kilomètres de descente jusqu’à la capitale de la pipe… et il y en a en centre-ville, stylisées en mobilier urbain, comme poubelles ! Saint-Claude bien nichée au creux de sa cuvette, il faut reprendre 500m de dénivelé en s’en éloignant pour grimper jusqu’au contrôle de Château-des-Prés. La longue montée continue offre des pourcentages raisonnables qui rendent cette quinzaine de kilomètres assez faciles, en prenant son temps dans la nuit sereine qui s’installe.

Trop tard pour pouvoir pointer dans le petit village d’altitude, on verra demain à l’aube. En attendant, je profite du robinet public entre mairie et église, et me réfugie dans l’abribus / cabane à livres pour passer le reste de la nuit. Mon bivouac improvisé dans le bourg endormi est d’une quiétude totale. Les heures passent puis je peux enfin repartir. L’étape redémarre à plat, facile. Les lumières qui se lèvent à l’aube sur l’abbaye de Grandvaux sont magnifiques entre les reflets irisés parcourant le lac, la brume vaporeuse, et le jour qui se lève. Le brouillard est plus épais  qu’hier matin, l’ambiance plus froide et plus jolie aussi. En bon banlieusard parigot, la traversée de la Saine me fait sourire, puis une longue montée se présente dans un décor rocheux en direction de La Perenna jusqu’aux environs des Chalesmes. Du coup, Les Planches-en-Montagne méritent bien leur nom… d’un point de vue ambiance minérale, plus que par un réel relief. En passant dessous, les pylônes haute tension bourdonnent plus sûrement qu’une énorme ruche, et pourtant, même s’il fait encore froid dans le petit matin, le temps est totalement sec… et le grésillement inquiétant ! Malgré tout, et même s’il faut grimper au final vers le contrôle de Nozeroy, cette étape s’est montrée bien roulante.

Route tranquille, pas beaucoup de kilomètres, pas grand-chose à dire ; le début de cette courte étape s’étale en montée sur plusieurs kilomètres en approche de Froidefontaine, pour se poursuivre sans vraiment de dénivelé jusqu’à Saint-Point-du-Lac au terme d’une avancée facile. Voilà, voilà !

Plus court encore, c’est reparti pour une petite douzaine de kilomètres. La vue de ce côté-ci du lac donne sur de jolis petits villages… qui eux doivent au contraire bénéficier d’un horizon sauvage ; deux rives pour deux ambiances différentes. Après le pont enjambant le fond marécageux du lac, la route prend de la hauteur à Labergement-Sainte-Marie. La côte est continue jusqu’aux abords de Saint-Antoine pour reprendre moins fort jusqu’au contrôle des Hôpitaux-Neufs.

En sortant du village, inutile de chercher un quelconque hôpital, qu’il soit neuf ou vieux, aucun des deux bourgs n’en propose…. Plus trace depuis belle lurette d’hospices pour accueillir pestiférés ou lépreux, tant mieux ! Passé le Site Nordique de la Seigne, je suis surpris par le raidillon à 10 % de La Béridole. Après le replat, le deuxième tronçon est plus doux à 6-7 %… mais sur une route très dégradée sur laquelle il faut slalomer dans la descente menant aux Fourgs. Traverser le village se fait sur une chaussée large menant au grand axe déversant son flot de bagnoles vers Pontarlier. Pas mal de circulation ce midi. L’approche de la ville est impressionnante quand la N57 traverse la barrière rocheuse gardée par le Château de Joux perché à son sommet. Sensation soudaine d’enfermement en traversant la cluse. Le gigantisme de la montagne est là, tout près, avec vraiment cette impression de pouvoir la toucher du doigt. À Doubs, le début de la voie verte se perd facilement en ville, puis on le retrouve sans problème en sortant du bourg. Le Chemin du Train court sur les hauteurs de la vallée, permettant d’admirer le flanc montagneux à droite, alors que le côté gauche un temps ouvert sur la plaine, se retrouve vite l’horizon bouché. Au fil des kilomètres, la route que je surplombais de loin – présente d’abord sur l’autre rive et en contrebas – est venue de mon côté en prenant de l’altitude un moment à la tangente de la voie verte, avant de s’en éloigner… puis c’est à moi d’aller à sa rencontre, un peu plus tard, pour accéder au contrôle de Montbenoît.

Tout début d’après-midi, le village semble faire la sieste, engourdi sous la chaleur. Vu la fournaise de la journée, l’appel des toilettes publiques au petit panonceau affiché sur la mairie ne se refuse pas… d’autant plus que, bonne surprise, il y a même un robinet d’eau chaude ! Je n’en abuse pas vue la température ambiante, mais quel luxe de pouvoir se décrasser autrement qu’à l’habituelle eau glacée. Je ne boude pas mon plaisir et procède à un récurage intégral et consciencieux du bonhomme et des fringues. Une fois le tout renfilé direct – il faut savoir voyager léger ! – et sans frissons merci l’eau chaude, une employée de mairie arrive et me surprend dans mon remballage. Elle comprend sans problème le bien-fondé de mon escale, même si je ne vais pas jusqu’au détail de ma nudité passée… et moins l’eau que j’ai répandu par terre, mais que je nettoie ensuite en m’excusant. Je repars dans une sensation de bien-être total… pour m’apercevoir quelques kilomètres plus loin que, et de une j’ai oublié de remplir mes bidons alors que les points d’eau potables sont assez rares sur ce parcours, et de deux que j’aurais pu demander à la Dame à l’agréable accent traînant – la Suisse est toujours à deux pas depuis Les Hôpitaux-Neufs – de tamponner mon carton. Un cachet de la mairie aurait fait un excellent pointage. Tant pis, et pour l’un, et pour l’autre ; l’étape est courte, pas très dure, de bons moments de plats, une descente à la fin, rejoindre le contrôle de Ouhans n’est donc pas très compliqué.

Le dernier pointage est fait, il reste maintenant à rejoindre Vesoul. Par le chemin le plus court ? Drôle d’idée ; pour quoi faire ! C’est reparti, je me laisse glisser dans le défilé le long de La Loue, avant de finir à plat à partir de Vuillafrans. La longue côte en forêt, continue d’Ornans à Saules, fait prendre dans les 200m de dénivelé et annonce une série de vallonnements progressivement moins marqués. La descente qui s’amorce avant Glamondans – le cimetière en sortie de village dispose enfin d’un robinet ! – reprend à l’entrée des tunnels jusqu’à la traversée du Doubs. Sur l’autre rive, je prends la voie verte en direction de Baume-les-Dames. Ça fait un détour, bah oui quoi, mais aller pointer à Baume-les-Messieurs à l’aller et faire l’impasse au retour sur Baume-les-Dames serait faire preuve d’une muflerie incroyable, de la pire goujaterie, ou de misogynie outrageusement assumée. Jura pour l’un, Doubs pour l’autre, ne pinaillons pas, là n’est pas la question. Bref, dans tous les cas, inconcevable de ne pas y passer même si ce n’est pas un site contrôle… vu qu’ils ont déjà tous été pointés sur ce circuit. Dans cette platitude paisible longeant le Doubs, deux très courts raidillons enchaînés peuvent surprendre un peu avant l’entrée dans la petite ville. Au bout du chemin, Baume-les-Dames vous accueille avec sa colonne dédiée à M. Jouffroy d’Abbans, inventeur du bateau à roues à aubes – à la fin des années 1770, propulsé par la vapeur donc – baptisé pyroscaphe à l’époque. L’édifice – au sommet duquel figure d’ailleurs un rafiot trapu – est en partie délabré, comme pour faire écho au destin de l’homme ayant fini ruiné et mort du choléra, jeté à la fosse commune. Pour la sélection de ses figures emblématiques, l’Histoire procède toujours à un élagage impitoyable. Ayant longé les monts, en plus des berges du Doubs sur une quinzaine de kilomètres, s’éloigner de la vallée va forcément obliger à regrimper sur les hauteurs. En s’écartant du centre-ville, ça monte vite à travers bois, avant de redescendre vers La Bretenière et Rougemontot. La route est ensuite faiblement vallonnée jusqu’à Rougemont puis Fontenois-lès-Montbozon où à la nuit tombée je rejoins la voie verte pour finir ce circuit. Comme souvent pour les lignes SNCF abandonnées reconverties en pistes cyclables, le chemin est tracé en plein désert des tartares, sans espoir de rencontrer un quelconque village sur la vingtaine de kilomètres permettant de retrouver la banlieue de Vesoul. Et voilà, il n’y a plus qu’à attendre le premier train du matin pour le retour.

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