Les Flèches de France « vintage » : Calais – Paris

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Le cycle des Flèches de France « vintage »,
épisode 4.

 

le vélo pour revenir de Calais :Raleigh Pulsar 10 (1984)
nombre de vitesses :2 x 5
développement maximum :7,90m (52/14)
développement minimum :2,75m (36/28)
poids du vélo :12kg
dénivelé du parcours :805m/100km

 

Pour aller à Calais, quoi de plus naturel que de prendre un vélo anglais ? Parce que bon, la mère patrie est juste en face pour ce Raleigh Pulsar 10, en espérant que ce bon traîne-couillon habillé en vélo de course fera le job comme régional de l’étape !

Une fois sorti de la gare de Calais la ville a un petit air de bout du monde, ou plus modestement de bout des terres. Rien au nord à part l’Angleterre, alors cap à l’ouest face à la Manche. Se laisser glisser le long de la côte, la mer comme une frontière. En chemin l’urbanisation s’effrite assez vite, et après une mise en jambes tranquille, il faut grimper pour franchir les rebords de la cuvette dans laquelle Escalles est blottie. Le vent s’amuse à balayer la lande, et dans cette belle bosse en deux temps le petit plateau du vélo n’est pas un luxe ! En guise d’hors-d’œuvre, c’est une des seules belles montées du parcours, avec celle de Namps-au-Val qui se présentera bien plus tard… donc rien de bien méchant point de vue profil sur ce parcours. La mer fait quelques apparitions vivifiantes en ce tout début mars glacial, et les mouettes tournoient bruyamment en jouant avec la portance du vent. Le paysage alterne entre dépouillement total et plus ou moins gros bourgs. Boulogne-sur-Mer et ses satellites forment une grosse verrue d’urbanisation… pas simple à traverser le midi. Malgré tout, cette première étape est agréable, très roulante avec quelques faux plats sur les grands bouts droits de la D940. Les portions comportant une piste cyclable séparée de la route sont appréciables pour échapper à la circulation jusqu’au premier contrôle d’Étaples.

C’est reparti sur une route de nouveau globalement plate. Quelques faux plats entrecoupent les grands bouts droits en première partie, puis une petite bosse se présente en sortie de Conchil-le-Temple. Les éoliennes plantées sur la plaine brassent joyeusement l’air. Le vent de travers arrière n’est finalement pas si efficace à ma progression. Nempont-Saint-Firmin est séparé de Nampont-Saint-Martin par l’orthographe, par l’eau de l’Authie, et par un département… le tout en un kilomètre. Bref, j’entre dans la Somme en grimpant la longue montée en sortie du deuxième ; de Nampont-Saint-Martin, donc. Cette fin d’étape est placée sous le signe de la monotonie agricole des champs labourés, et j’arrive pour pointer à Crécy-en-Ponthieu. Je discute cinq minutes avec le patron de la supérette, qui est habitué à tamponner les cartons des cyclistes. Il s’inquiète des températures glaciales de la nuit prochaine, en me voyant en milieu d’après-midi en route pour Paris. Je lui dis que j’y serai normalement à 2 ou 3h du mat’… ce qui n’a pas eu l’air de le rassurer !

Je redémarre sur un tracé bien roulant, franchis quelques faux plats saupoudrés dans la morne plaine agricole, puis je m’égare un peu dans Saint-Riquier, ne remarquant pas un panneau dans le flot de la circulation. Pour traverser Long, je plonge vers la vallée de la Somme. Dans les lacets, les patins de frein couinent contre les veilles jantes en acier. Les vélos vintages ont souvent du caractère et celui-ci est expressif ! Je dévale la descente passant devant la chapelle Notre-Dame de Lourdes. Il me revient en mémoire le dénouement de l’excellent livre de Grégoire Delacourt, « La première chose qu’on regarde », une histoire aussi bien écrite que son thème est au départ improbable… En tout cas le lieu a été bien choisi, et si vous avez lu le bouquin et êtes passé par ici, vous serez d’accord avec moi ! En passant par les étangs, le paysage est de toute beauté dans la lumière rougeoyante de cette fin d’après-midi d’hiver. Sinon, c’est surtout la monotonie agricole qui domine, avec le retour de quelques faux plats, surtout après s’être éloigné de la vallée de la Somme. Namps-au-Val est blottie dans une belle cuvette, et traverser le village se mérite par une longue montée. Une des rares difficultés de ce parcours… qui a au moins l’intérêt de maintenir le bonhomme au chaud ! Le contrôle de Conty n’est plus très loin, alors que la nuit est déjà tombée depuis quelques heures.

La température a déjà bien baissé, sans doute aux alentours de zéro, et la chute des degrés n’est pas terminée, alors je repars sans m’attarder, pour ne pas être pris de tremblements incontrôlables. L’entrée dans l’Oise me semble marquée par davantage de faux plats, puis le relief s’assagit malgré un dernier sursaut en approche de Neuilly-en-Thelle. La nuit est calme et solitaire, le froid commence à être vraiment mordant, comme s’il voulait me dévorer doigts et orteils. Je me perds un peu en traversant L’Isle-Adam pris dans les ténèbres, et me retrouve à la plage. Rien de grave, j’en suis quitte pour un petit détour par les berges de l’Oise. Après un court passage dans les bois, l’urbanisation est de retour pour le pointage de Méry-sur-oise au cœur de la nuit.

Après un dernier saut de puce d’une poignée de kilomètres entre les villes endormies, me voilà rapidement à Taverny où je glisse ma carte postale de pointage, matérialisant l’arrivée de cette Flèche.

En résumé, un parcours facile dans l’ensemble ; relativement plat, entrecoupé de faux plats et avec seulement quelques montées plus significatives, mais franchies facilement avec l’étendue des développements du vélo… même s’il n’est pas spécialement léger !

 

Voir ICI pour la Flèche réalisée (en doublé) dans l’autre sens avec un vélo moderne.

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