Le BRM 200 km de Beuvry (La Madelon) – 08 février 2020

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Début février, après une sortie sur les BCN / BPF d’Île-de-France, il est temps de regarder ce qu’il y a comme Brevets de Randonneurs Mondiaux. Année assez creuse, alors direction le Pas-de-Calais. Les Cyclos Randonneurs Béthunois – que je découvre pour ce brevet – ne proposent rien de moins que neuf BRM, ce qui est franchement pas mal pour une saison d’après Paris-Brest-Paris, où les clubs sont d’habitude moins dynamiques. C’est déjà un bon point, et rien que pour ça – et aussi parce qu’il me faut bien trouver des sorties en accord avec mes week-ends où je ne bosse pas, hé oui – une petite visite s’impose. Je dois aussi vous avouer que pour valider mon troisième Randonneur 10000, il me manque un BRM de 200, 600, 1000 et 1200… Trois fois rien donc, plus quelques bricoles pour faire l’appoint des 10000 km !

 

Départ en fin de nuit, 8h du mat’. Pour l’instant le ciel est toujours sec, mais ça ne va pas durer. Un quart d’heure plus tard, la pluie se met à tomber, elle ne va pas nous lâcher de sitôt. Au bout de 15km, je me fais définitivement larguer par le bon petit groupe de cyclos présents au départ. J’ai l’impression d’être le dernier, il en faut bien un. Je passe par La Comté sans apercevoir ni Frodon ni Bilbon ; Gandalf doit être occupé à traîner ses savates quelque part en Terre du Milieu – plutôt qu’en celle du Nord – je sais le clin d’œil est facile. Je continue donc seul, les dernières loupiotes rouges de mes congénères s’éloignent définitivement dans le petit jour blême. C’est parti pour une traversée en solo du Pas-de-Calais et de la pluie. À Ramecourt, je rate quelque chose mais je ne sais pas quoi… bah si, une route, pardi ! Grosse flemme de faire demi-tour, alors j’improvise. J’oblique sur un petit chemin à moitié défoncé et complètement dégueulasse, pour rattraper le parcours. Première séance de gadoue. Et dire qu’il y en a qui ont besoin de vélos spéciaux pour faire du « gravel »… Un couple de faisan s’envole en criant bruyamment d’un champ de mottes grasses. Après un instant de suspense, la première borne kilométrique me dit que je suis bien retombé sur la bonne route. Par inattention, je me rallonge un peu en manquant de mettre le cap vers Œuf-en-Ternois. Pourtant, un nom pareil est assez étrange pour qu’on le retienne. Nuit trop courte, pas assez dormi. Curieusement, pas une seule poule dans le village d’Œuf ; tout fout le camp ma Bonne Dame ! Puis une nouvelle fois, je m’égare dans Willeman. Je tourne en rond dans le village, ne trouve pas le bon chemin. Ce coup-ci ce n’est pas ma faute. Je passe par le château, par une courte butte dans les bois, tout ça ne me dit rien. Les routes ne correspondent pas à ma carte, en tout cas pas à celle que je vise. Les petites rues sont boueuses. Le vélo complètement marronnasse, totalement nappé de terre, mes fringues et mes godasses aussi. Je vous épargne la description de l’odeur. Comme il continue de pleuvoir, à un moment ou à un autre, je vais bien finir par être à peu près rincé, enfin j’espère. À part les pâtures et les champs retournés, sur cette première étape de nombreuses petites chapelles bordent le chemin, c’est plutôt sympa. J’arrive à Hesdin pour pointer, toujours sous un bon crachin, le cuissard encore tout boueux. Je ne me perds pas dans la ville, grâce aux souvenirs de mes BCN / BPF de l’Artois de l’été dernier.

Après une première étape toute plate, c’est reparti plein ouest en direction de la mer et de la Baie de l’Authie. À Buire-le-Sec, forcément, la pluie redouble ! Ce genre de détail me fait toujours sourire. Pas tant que ça en fait, car le froid et l’humidité me provoquent vite des douleurs atroces dans les genoux. Il y avait longtemps… Cela promet pour la saison… Ne pas forcer, d’abord m’en fous, j’suis dernier. Heureusement la route reste plate, avec deux ou trois bosses, en particulier celle menant à Campagne-les-Hesdin. Le vent se fait davantage sentir à mesure que je m’approche du littoral. Rien de franchement gênant. La Madelon n’est pas facile à trouver. Le minuscule lieu-dit n’est pas indiqué, mais avec un peu de flair en traversant Groffliers, j’arrive à trouver le bon chemin.

Comment dire ça poliment ? Je ne suis pas du coin, alors je ne peux pas juger, si ça se trouve le site est très joli par beau temps. En tout cas en hiver, bof, bof ! Le port de La Madelon m’apparaît comme un trou d’eau et de vase miteux dans lequel une petite poignée de bateaux barbotent. Voilà, c’est dit. Le temps pluvieux et crépusculaire rend l’endroit presque pathétique. De l’autre côté du chemin, une auberge guindée plantée au milieu de rien, contraste étrangement. L’établissement – et les gens attablés autour des nappes proprettes bien repassées et des lampes à abat-jour – m’évoque la petite bourgeoisie de province, mais peut-être n’est-ce qu’une impression. Barbouillé de boue, je fais tache dans le décor… à tout point de vue ! Bref, je ne m’attarde pas, et c’est reparti sous la bruine. La moitié est faite, demi-tour, direction plein est pour retourner à l’intérieur des terres via le décor habituel de plaine et de pâturages. En terminant la boucle repassant par Roussent, le crachin semble vouloir s’épuiser. À Saulchoy, je suis repris par quatre cyclos. D’autres sont derrière. D’où sortent-ils ? Finalement, malgré tout le temps perdu à m’égarer sur la première moitié du parcours, et bien que j’aie trouvé le site de La Madelon désert, je suis loin d’être à la traîne. Curieux. En une dizaine de kilomètres, le groupe se délite. Un randonneur part loin en avant, les autres restent à l’arrière, et je me retrouve à continuer à mon rythme entre les deux. La succession des villages de Fontaine-l’Étalon et Quœux-Haut-Maînil, me laisse songeur. On pourrait croire à des pseudonymes d’acteurs pornos !  La route est encore plate, avec deux ou trois bosses insignifiantes jusqu’au raidillon de Fillièvres, permettant de s’extraire du lit de La Canche. Je repasse par Croisette pour rejoindre Saint-Pol-en-Ternois, plus sec dans ce sens qu’à l’aller. L’après-midi s’assèche doucement, même si la lumière du jour reste toujours quasi crépusculaire.

En milieu d’après-midi, je suis de retour à Saint-Pol après y être passé le matin sans avoir eu à y pointer. Comme un air de déjà-vu, donc, mais maintenant c’est un point de contrôle. Il reste 35km. Beaucoup de circulation en ville, puis une fois rendu à la campagne, les bagnoles s’évaporent vite, solitude tranquille au milieu des champs et des herbages. Cette dernière étape se montre finalement un peu vallonnée, surtout en longeant les Mont de La Comté. Toujours pas de Hobbits gambadant pieds nus dans la verdure, ils doivent définitivement être trop frileux pour montrer le bout de leur nez. Au loin, deux tétons pointent vers le ciel gris comme ceux d’une géante endormie : à l’horizon une paire de terrils jumeaux se dresse sur la plaine. S’ensuit une longue montée dans les bois en direction de Barlin, et la descente qui va bien. Il reste une dizaine de kilomètres urbanisés pour rejoindre Beuvry en fin d’après-midi. La nuit glisse lentement sur le ciel gris. Fin d’un petit brevet tout plat. Si vous êtes comme moi, un inconscient ou un puriste qui navigue encore à la carte routière sans l’aide d’aucun gadget électronique – et de préférence sans connaître le coin ! – ce parcours peut vous réserver quelques surprises… Malgré cela, ce petit circuit est excellent pour remettre les jambes en route en début d’année. Sans rancune, au contraire, je risque fort de revenir faire des brevets cette année dans le Béthunois…

 

Pour en savoir plus :
le parcours ICI
le lien Openrunner LA

 

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