Aligner parfaitement ses cocottes

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Qui ne s’est jamais posé la question de savoir si ses leviers sont parfaitement alignés, lors de l’assemblage d’un vélo ou après une simple chute ? Hé oui, car pour éviter les dégâts, mieux vaut ne pas monter les poignées de frein trop serrées, ainsi un choc fera tourner le levier en évitant le plus souvent la casse… mais la cocotte se sera peut-être décalée, alors il vaut mieux contrôler. Ça n’empêchera pas non plus guidoline et levier d’être râpés, mais bon, il ne fallait pas tomber !

Bref. Pour la sortie du dimanche matin, qu’il y ait un léger décalage – ou non – entre les deux côtés n’a pas vraiment d’importance, mais quelques millimètres « en crabe » sur un Paris-Brest-Paris ou pire, un brevet comme une Super Randonnée où il faut tirer sur le cintre pour gravir une vingtaine de cols, là, votre dos peut être soumis à rude épreuve, vrillé à cause d’un levier plus haut que l’autre… Et sur la distance, ça risque de faire mal, très mal, aux vertèbres notamment ! Alors voyons comment contrôler ou ajuster ça, facilement.

 

C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus

Quand le cintre, moderne, comporte des graduations (en supposant qu’elles soient parfaitement tracées), on aligne simplement le haut des cocottes sur la même marque des deux côtés. Mais quand le cintre n’a pas d’indications, parce que le fabricant n’y a pas pensé ou parce que c’est un équipement vintage, comment faire ?

 

Créer ses propres graduations

C’est tout bête, il s’agit d’aligner deux longueurs de scotch papier – comme celui qu’on trouve en magasin de bricolage et qui sert de masquage pour la peinture – et de faire les mêmes repères sur les deux bandes, sans oublier un trait précis pour le départ. Plaquer ensuite soigneusement ces bandes de scotch de chaque côté du cintre, et le tour est joué : vous avez maintenant un cintre gradué !

Une fois les cocottes en place, vous pouvez arracher le scotch avant de poser la guidoline. Le reste de papier qui se trouve écrasé entre le collier de serrage du levier et le cintre ne pose pas de problème. À ce stade, je vous propose également d’aller jeter un coup d’œil à cette astuce. Sinon, si par exemple la guidoline est déjà en place et que vous ne souhaitez pas la remplacer, voici d’autres méthodes…

 

Avec 2 cocottes du même type

C’est le cas le plus simple.

Si le cintre n’est pas monté sur le vélo, une méthode très simple – sans équipement particulier – consiste à faire reposer le cintre équipé de ses leviers sur une surface parfaitement plate. Les cocottes sont alignées quand le cintre (4 zones d’appui : les flèches vertes sur la photo) repose bien à plat sans être le moins du monde bancal. Se méfier des leviers de frein qui peuvent se tordre facilement comme ces Lefol (fragiles, mais qu’on trouve en particulier sur de belles randonneuses classiques des années 50) qui se déforment au moindre choc. Sur la photo du haut, les cocottes décalées se voient sans aucun problème (avec des leviers droits). En bas, la légère différence d’alignement est masquée par un levier déformé.En cas de doute, ou si le cintre est déjà monté sur le vélo, on pourra aussi utiliser la méthode suivante.

Cocottes en place, en présence de la guidoline ou non, cintre monté sur le vélo ou non, mesurer avec un mètre de couturière de l’extrémité du cintre jusqu’au dessous de la cocotte, est pratique et précis dans toutes les situations.. Bien entendu, on doit obtenir la même valeur des deux côtés.

Retirer la guidoline n’est pas indispensable, mais donnera davantage de précision, surtout si vous êtes très maniaque ! Par contre, mesurer en remontant jusqu’en haut de la cocotte n’apporterait rien de plus… à part une moins bonne précision (car il faudrait en faire le tour, de la cocotte) ! Essayer de mesurer en partant du haut du cintre est également approximatif, et s’y ajoute les erreurs de perspective dues au profil rond du tube du cintre. Utiliser un mètre à ruban métallique de magasin de bricolage n’est pas terrible non plus, moins souple et épousant moins bien le contour du cintre qu’un mètre de couturière bien à plat et tendu soigneusement.

 

Avec 2 cocottes de types différents

Là, ça se complique.

Le monde est imparfait, la société de consommation vous pousse à remplacer toute votre transmission pour les dernières 11 ou 12 vitesses… et en échange d’un prix exorbitant, tant qu’à faire ! Mais plutôt futé, vous avez dégoté une belle occasion (ou mieux, un fond de stock neuf prenant la poussière dans une arrière-boutique) pour remplacer votre levier défaillant, mais ce n’est pas exactement le même modèle. Pas de panique, ça s’adapte ! Bien sûr, je ne vous conseille pas de panacher n’importe quoi quitte à avoir un résultat fonctionnel mais esthétiquement dégueulasse ; cependant deux exemplaires de même génération ont souvent la même ergonomie et peuvent s’accorder visuellement assez bien. Sur la photo, un levier Shimano droit Dura-Ace 7800 et gauche Ultegra R700 se marient plutôt pas mal, non ? Néanmoins, avec les méthodes précédentes, est-on vraiment certain d’un alignement parfait des cocottes ? Il peut y avoir de très légères différences dimensionnelles entre deux modèles semblant très proches. Mais d’abord, comment définir un alignement correct ; et qu’est-ce qui est vraiment important ? Pour les mains, ce qui est primordial c’est surtout d’être placées au même niveau des deux côtés, là où elles reposent habituellement, au creux des cocottes.

Pour cela on commence à aligner les cocottes (à l’aide du mètre de couturière, des graduations du cintre ou de celles des bandes de scotch papier) puis on mesure l’endroit le plus creux de chaque cocotte, avec le caoutchouc du repose-main en place, car il pourrait être d’épaisseur légèrement différente d’un côté à l’autre. Si le creux mesuré est identique, pas de problème, les cocottes sont alignées. Sinon, il faudra remonter la cocotte du côté où le creux est le plus prononcé, et d’autant de millimètres qu’il y a de différence entre les deux mesures.

Si cela vous semble un peu compliqué, la méthode suivante est plus simple pour aligner les cocottes dépareillées…

 

Méthode alternative

Que les cocottes soient du même type ou non, une autre méthode intéressante consiste à se servir d’un simple niveau à bulle (de 50cm) disponible dans n’importe quel magasin de bricolage.

Il faut d’abord bien caler le vélo verticalement. Appuyé contre un mur, c’est ce qu’il y a de plus simple… mais attention qu’il ne tombe pas !Le niveau posé en bout de cintre, la bulle doit être parfaitement centrée entre les deux traits… Sinon, le vélo n’est pas tout à fait droit. Ensuite, et sans que rien ne bouge, il suffit de placer le niveau au creux des cocottes. Si elles sont bien alignées, la bulle doit être restée centrée ; sinon, corriger la hauteur d’une des deux cocottes puis recontrôler.

 

Le réglage de base

C’est bien beau d’aligner les cocottes entre elles, mais à quel niveau de la courbure du cintre doivent-elles être positionnées ? La meilleure position est avant tout celle qui vous est confortable sur la durée tout en vous permettant de pouvoir freiner immédiatement de manière naturelle, mains en haut comme en bas du cintre.

Voici une base de réglage que vous pourrez ensuite ajuster selon votre cas… et qui en définitive, ne devrait pas trop s’en écarter !

Pour des leviers anciens :

le bas du cintre est réglé à l’horizontale (à l’aide d’un niveau à bulle) et l’extrémité des leviers prolonge également cette ligne horizontale (les leviers de frein étant en position relâchée).

Pour des leviers actuels :

L’ergonomie est très différente des leviers « vintage » … et c’est tant mieux, car on y gagne énormément en confort. Sur de longues distances la différence est réelle, et l’âge venant, vos canaux carpiens vous diront merci !

Dans ce cas, le dessus de la cocotte est à régler dans la continuité du haut du cintre. Bon d’accord, ici la perspective arrondie légèrement la vue, mais vous avez compris le principe.

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2 réflexions au sujet de « Aligner parfaitement ses cocottes »

  1. Très bons conseils. Pour ma part, j’applique un procédé technologiquement beaucoup plus avancé, qui me vient de l’un de mes grands-pères (il a toujours été en avance, le papy…). On prend une ficelle (on doit en trouver en kevlar ou en carbone, mais une ficelle de cuisine devrait suffire, même si c’est beaucoup moins cher…). On entoure les deux cocottes de frein bien soigneusement. Ensuite, on se place devant le vélo ; on baisse son regard pour avoir la ficelle dans l’axe horizontal du cintre.
    Pesquet n’a plus qu’à aller se habiller…

    1. Bonjour Fred,

      Bien entendu le test de la ficelle fonctionne aussi, mais je ne l’ai pas mentionné car si le principe est super simple… il faut être très soigneux dans sa réalisation. J’ai donc fait l’impasse pour 3 raisons :
      – Il ne faut pas prendre une ficelle trop grosse pour garder une certaine précision.
      – Il faut pouvoir la tendre correctement.
      – La position des nœuds doit être rigoureuse pour ne pas induire un décalage.

      Ici, sur cette photo – un brin caricaturale cumulant les 3 défauts – les cocottes sont parfaitement alignées… contrairement à ce qu’indique la ficelle !

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