BCN et BPF : Comté de Foix – 09 Ariège

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Kilomètres réalisés : 21890
Provinces BPF validées : 29 / 36
Départements BCN validés : 73 / 91

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Petite province ce Comté de Foix, peut-être le plus beau département pyrénéen. Avec les 6 points de contrôles des BCN / BPF on pourrait tracer une boucle ramassée sur 280km, mais pourquoi faire si peu ? En rallongeant, ça devient plus bosselé et plus sympathique. Bon, j’avoue avoir triché un peu pour éviter un cul-de-sac après le pointage de Montségur, en débordant légèrement du périmètre de l’Ariège pour une courte incursion dans l’Aude en pays Cathare. Ainsi le parcours prend une forme de poisson rouge, juste comme ça, presque par hasard. 340km de routes tranquilles, donc au final, et pourtant pas une sortie de tout repos. C’est qu’il faudra quand même franchir une douzaine de cols en chemin :

  • le Col de Py (525m)
  • le Col de Charcany (571m)
  • le Col de Saint-Cristaut (513m)
  • le Col de Montségur (1059m)
  • le Col de la Croix des Morts (898m)
  • le Col des Sept Frères (1253m)
  • le Col de Marmare (1361m)
  • le Pas de Souloumbrie (911m)
  • le Port de Lers (1517m)
  • le Col d’Agnès (1570m)
  • le Col de Latrape (1110m)
  • le Col de la Core (1395m)

C’est parti. Départ de Foix après un trajet calamiteux en train. Gros retard. Milieu d’après-midi plutôt que début, il faudra faire avec, moins traîner sur cette première petite journée pour être de retour à la gare dans moins de 48h… nettement moins, du coup ! Dès les premiers tours de roues, avant même de sortir de la ville, la montagne est là, toute proche autour. Quelques centaines de mètres à peine après avoir démarré, et la route s’inscrit dans une montée assez douce pour cette mise en jambes qui entre directement dans le vif du sujet. La pente se fait tout de suite sentir, très raisonnable au départ. 2 à 4 %, rien de trop méchant. En obliquant sur la D113 la pente douce se transforme en vraie montée à 8 – 9 %, mais très courte. Le bitume est dégradé, étrange. Bien que compact d’aspect, il semble avaler les pneus, les retient, joue les ventouses. Il faut forcer pour s’extirper de cette purée d’asphalte, pour continuer à avancer tout simplement, pour arriver au sommet du Col de Py… le premier des douze ! Après ce prologue finalement sympathique, la route ne redescend pas vraiment et se remet vite à grimper à 5 – 6 %. Le Col de Charcany est tout près, tout va bien. 2 ou 3km assez faciles. Très agréables friandises ces petits cols de début de parcours. Je me laisse porter par le beau temps et la route de montagne sous le ciel légèrement voilé de l’été indien. Le moral est bien remonté après le naufrage du voyage en train… En espérant ne pas avoir à décaler le pointage de Montségur prévu pour ce soir au lendemain matin, en ayant accumulé trop de retard… On verra bien ! Après le col, la route bascule à peine, quasiment à plat ; longuement. Le pédalage est tranquille et sans effort jusqu’à passer Le Bousquet. Qu’elles sont belles ces Pyrénées par un doux soleil plutôt que sous la pluie battante que j’ai connue il y a quinze jours. Ce n’est pas une surprise mais une redécouverte après ces BCN / BPF Béarnais diluviens. Je continue tranquillement à la rencontre du Col de Saint-Cristaut, pour l’instant à plat. Après avoir retrouvé la D13, la route repart à la hausse. Pente bienveillante – comme depuis le départ de Foix – autour de 6 %. Troisième petit col facile, donc, et ce sera le dernier, après ils vont progressivement se corser. Passé le sommet, cette fois la descente est plus évidente, inscrite dans de courts lacets pour s’épuiser au cimetière isolé après la sortie de Merviel, où contre toute attente il y a un robinet d’eau. Une longue bosse tortueuse mène ensuite à Jalabert – quand même, en cycliste qui se respecte il fallait bien que je prévoie un passage par ici ! – puis l’étape finit plate, facile, après au contrôle de Mirepoix.

Au centre du village la fête foraine s’installe. Beaucoup de monde dans les rues, gros bordel dans la vieille ville. L’ancienne cathédrale est totalement emmitouflée dans d’immenses draps blancs, ou de façon plus terre à terre, bâchée pour travaux. Après pointage à la boulangerie située derrière – dont la grosse part de flan épaisse est un délice – la route repart encore à plat, cap plein sud. Les hauts sommets se font nets, bleutés sur l’horizon, sans aucune équivoque possible. Un gros cube de pierre juché sur sa butte fait irruption dans le paysage. L’édifice m’intrigue. En approchant, je m’aperçois que c’est la tour de Saint-Quentin… la Tour, bien entendu ; et plus précisément l’imposant donjon central du château cathare de Queille, le restant de l’édifice restant caché derrière l’épais rideau d’arbres. Le début d’étape est bien roulant avec une traversée de Lavelanet en faux plat. Le robinet devant le cimetière de Montferrier arbore une pancarte eau non contrôlée, mais comme un panonceau des cyclos locaux y figure aussi, je leur fais confiance pour l’appoint des bidons. En sortant du village, l’ascension du Col de Montségur commence vraiment, fini les faux-semblants. La montée se cale à 8 – 9 % dans le calme de la fin d’après-midi. Il y a beaucoup de cyclos croisés sur tout ce début de parcours, et ce doit être précisément parce que les routes sont tranquilles que j’en rencontre autant… plus que par hasard ou simplement à cause du beau temps ! Au détour d’un lacet, le château de Montségur surgit en haut de sa butte en pain de sucre, inattendu et irréaliste comme s’il faisait partie d’un dessin animé ou d’un conte de fées, tellement la forme du mont semble exagérée. Malgré sa proximité visuelle il n’est pas tout près, il reste une centaine de mètres de dénivelé à grimper pour atteindre le haut du Col de Montségur. Tout est calme, silencieux. La forteresse semble plus proche mais toujours inaccessible, sauf par un petit sentier. Seul le tintement lointain de quelques vaches vient briser ce sentiment de solitude. Pour le pointage, le village est situé à deux pas, un peu en contrebas du col.

La descente amorcée depuis le sommet du col se poursuit en repartant du village, et la route en épingles s’enfonce dans un défilé rocheux grandiose… qui disparaît soudainement à l’approche de Fougax-et-Barrineuf lorsque le chemin redevient horizontal. Mais la montagne n’a pas disparu pour autant, les sommets sont là tout autour. Tranquillité de courte durée, puisqu’à Bélesta ça remonte tout de suite, autour de 7 %, en direction du Col de la Croix des Morts. Lors de l’ascension, trois replats offrent un répit appréciable. Pour éviter que ce circuit ne finisse en cul-de-sac, après le col qui ne redescend pas vraiment mais se stabilise en plateau, la route fait une petite incursion d’une quinzaine de kilomètres dans l’Aude. Une légère montée s’amorce avant Belcaire pour devenir plus nette en sortant du village pour se hisser vers le Col des Sept Frères… sans finalement être redescendu de celui de la Croix des Morts. Sans être retourné dans la vallée, cela en fait une ascension pas trop dure. Le jour est sur le point de tirer sa révérence derrière les sommets montagneux quand j’arrive en haut. Le panorama dévoile en tout début de nuit, un peu plus loin, les lumières éparpillées de Camurac. Pas de réelle perte d’altitude, encore, jusqu’à Prades pour mon retour en Ariège… où la route continue même à s’élever petit à petit. Le village se devine dans les trouées de la végétation, puis l’image se précise, magnifique dans les lumières rouge orangé de l’éclairage public. Les derniers kilomètres sont tranquilles, environ 3 %, il n’y a plus qu’une bonne centaine de mètres de dénivelé à grimper pour aujourd’hui, pour atteindre le sommet du Col de Marmare. La Route des Corniches descend ensuite en pente douce, et dans la nuit son étroitesse et ses virages incessants imposent la prudence, dans cette obscurité profonde bien étoilée où la lune rousse est réduite à une fine courbe. Il faut également faire attention aux vaches endormies en bord de route, venues chercher la chaleur résiduelle de l’asphalte chauffé en journée. Trouant les ténèbres, quelques points éclairés parsèment les hauteurs, et l’approche de Caussou – minuscule bourg où un énorme panneau à l’entrée menace le cycliste de tout et de rien ! – donne un premier aperçu d’Ax-les-Thermes, ou Luzenac peut-être, endormi au fond de sa cuvette. La route s’élargit ensuite et forme une petite bosse pour atteindre Bestiac, puis le panorama s’ouvre complètement sur la vallée en contrebas et la série de villages en enfilade, guirlandes scintillantes jusqu’à Luzenac. L’éclairage nocturne est fascinant, rendant l’agglomération si proche et si lointaine à la fois. Silence apaisant, aucune circulation nocturne, je ne résiste pas à un instant d’arrêt contemplatif ! Rien ne presse, le contrôle de Lordat n’est plus très loin par une petite côte, et il me faudra attendre l’aube pour y pointer.

Arrivé dans le village, je m’assoupis sous un tilleul en attendant l’aurore. Je suis bien sur les hauteurs, perché dans ce bout du monde où je domine la vallée. Tout est serein, l’air est frais ; la liberté n’est-elle pas de pouvoir dormir à la belle étoile, d’autant plus qu’ici il n’en manque pas ? !… Puis c’est reparti au jour revenu. La route est bosselée et redevient vite étroite dans la série de petits villages menant au Pas du Souloumbrié. Me voilà de retour dans la vallée à Bompas, via Cazenave et Arnave. Moment de répit en passant par Tarascon-sur-Ariège. Pas trop de circulation, il est encore tôt. La route facile s’élève paresseusement jusqu’à Vicdessos où l’ascension commence vers le Port de Lers. La montée est inégale, alternance de zones totalement plates comme d’autres peuvent se cabrer à 12 %… avec l’assortiment de tout ce qu’on peut trouver entre les deux ! Au fil de cette montée aux pourcentages toujours changeants on pourrait prendre ce Port de Lers pour quelque chose de casse-pattes, mais non, à la limite il offre davantage d’instants de récupération qu’il est rébarbatif, même s’il est long à gravir. Dans la montée suivante, celle du col d’Agnès, comme la nuit dernière où les vaches dormaient en lisière de route, ici aussi, en plein jour, les ruminants viennent tranquillement traverser en toute nonchalance, sans se soucier du type de véhicule qui pourrait surgir. Il faut dire que dans ce sens je suis trop médiocre pour constituer un danger quelconque en grimpant… mais c’est une autre histoire ! La montée est courte, 270m de dénivelé à gagner depuis le Port de Lers. Le pourcentage semble ici plus régulier, autour de 7 %, mais en réalité le gradient varie de 3 à 9 ; les montées des cols pyrénéens sont souvent plus irrégulières que dans les Alpes. La roche et les gros cailloux transpercent le tapis végétal, affleurent l’herbe rase pour en faire un col d’aspect plus minéral. Revenu dans la vallée, mes oreilles sont dépressurisées après avoir dévalé le col, ses lacets et ses épingles en descente rapide, pour le contrôle d’Aulus-les-Bains. Tout début d’après-midi, je dois faire vite pour pointer. À peine le temps de me ravitailler à la volée avant que les commerçants me mettent dehors. Accueil un peu rugueux, mais l’heure c’est l’heure !

Vu mes problèmes cardiaques, je songe un instant à demander l’asile politique à la petite station thermale du cholestérol, puis c’est reparti après un bon décrassage aux toilettes publiques en bord du Garbet. La rivière roule joyeusement sur ses galets, me rappelant qu’il faut aussi que j’y retourne. L’ascension du Col de Latrape commence aussitôt. L’essentiel de la montée se fait à l’ombre dans les bois, ce qui est appréciable dans la chaleur du début d’après-midi, et en approchant les 1000m d’altitude la végétation se fait plus clairsemée au-dessus de la route. La montée est régulière, et au sommet les grands bouts pas trop tortueux permettent une descente enfin rapide jusqu’à Sérac-d’Ustou. La route continue en très légère descente le long de la vallée de l’Ustou pour finir à 500m d’altitude à Seix. L’église Saint-Étienne au magnifique clocher-peigne domine le village de manière tout à fait grandiose. Il va falloir maintenant gravir le Col de la Core, le 12ème et dernier de ce parcours. 13km pour gagner 850m de dénivelé, donc a priori par une montée assez douce. Ce qui, en sortant du village, se confirme par un début à l’allure modeste et régulière dans les 6 %. De bonnes petites zones d’ombre ponctuent également cette montée. Après Sentenac-d’Oust, la pente gagne en amplitude, oscillant de 5 à 8 %. Vers 1000m d’altitude, un replat d’un bon kilomètre donne le temps de récupérer un peu. Un voile atmosphérique se forme sur les sommets qui m’entourent, alors qu’ils semblent plutôt proches. Atteindre le haut du col marque la dernière grosse difficulté de ce parcours – d’ailleurs presque la dernière difficulté tout court – et est récompensé par un magnifique panorama en amorçant la descente. Le regard porte au loin au creux de la vallée qui paraît incroyablement encaissée vu d’ici. Les villages éparpillés à distance les uns des autres ressemblent à de minuscules maisons de poupées. Fin d’après-midi, trop tard pour pouvoir pointer aujourd’hui au dernier contrôle du Mas-d’Azil ; j’y arriverai quand il fera nuit. Je m’arrête donc dans la descente, au bord du lac de Bethmale. L’endroit est paisible, les arbres ont commencé à différencier les teintes de leurs feuillages. L’automne promet une vue encore plus belle ; je serai reparti depuis longtemps ! Alors je contemple la nature un moment, puis vais me décrasser dans les toilettes provisoires en préfabriqué, et trouve facilement où m’installer pour quelques heures. Il y a le choix autour du lac, en attendant de repartir tranquillement à 4h du matin pour synchroniser mon arrivée avec le dernier contrôle de cette province au lever du jour… En repartant, la lune réduite à un très fin croissant roux joue à cache-cache avec les sommets ressortant en ombres chinoises sur fond de ciel bleu marine presque noir. Revenu dans la vallée, la descente devient imperceptible à Castillon-en-Couserans. En passant en fin de nuit, Saint-Girons est un gros bourg qui apparaît sans beaucoup de charme. Aux alentours de Maury, une brume épaisse recouvre les sommets environnants. Le petit jour se fait glacial, nébuleux, mais très beau aussi ! Cette deuxième partie d’étape s’est montrée facile depuis le sommet du Col de la Core, globalement en descente malgré quelques sursauts insignifiants de la route, et voilà le contrôle du Mas-d’Azil.

L’entrée dans le village est impressionnante, à travers la falaise, par ce qui semble être un tunnel banal… alors que la route tournicote en fait dans une vaste grotte. Moment grandiose et inattendu. Y passer en toute fin de nuit juste avant l’arrivée de l’aube renforce l’ambiance magique. Le bourg est encore endormi, pas de raison de s’y attarder. La route plate se change en longue montée pour s’éloigner de Pailhès, faisant prendre 150m de dénivelé dans un dernier sursaut significatif. Plus la route se rapproche de Pamiers, et plus la montagne disparaît de l’horizon… pour réapparaître en traversant Saint-Jean-du-Falga. Le cap étant remis plein sud, les Pyrénées se retrouvent de nouveau en ligne de mire pour le final de ce circuit. Un raidillon à 10 % en approche de Vernajoul demande un peu de patience, plus que quelques kilomètres. Au cœur du village, le château de Foix se voit sur les hauteurs. Si vous ne l’avez pas fait au départ, n’oubliez surtout pas de pointer en ville pour valider ce contrôle.

 

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