Reconditionner une poignée STI Shimano 600 gauche

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Malgré une esthétique discutable, les premiers combinés STI de frein / vitesses Shimano sont très sympas sur un vélo « vintage », pour qui veut éviter les manettes au cadre… mais avec l’âge, leur mécanisme se trouve le plus souvent hors d’usage. Dans l’article consacré à la poignée droite, nous avons vu que ce n’est pas irrémédiable. Alors si la poignée commandant l’arrière est facilement réparable, pourquoi ne pas s’occuper de l’avant, aux entrailles a priori moins compliquées ? Hé bien c’est ce que nous allons faire !

Sur ce schéma épuré, le mécanisme ne semble pas si complexe. Et voici en vrai, à quoi ressemble cette poignée Ultegra 600 Tricolore (6400) gauche.

 

C’est parti pour le démontage !

  1. On commence par décoller très délicatement la pastille décorative. Il n’y a pas beaucoup d’espace, même pour y passer une lame fine. Ici la pastille est déjà bien décolorée par le temps, la résine doit être très fragile. Prudence, donc !

 

 

  1. Derrière, se cache une vis.

Elle se retire à l’aide d’une clé à douille de 8mm. La vis est freinée par une rondelle éventail.

 

 

  1. On peut maintenant déboîter le capot frontal, en tirant doucement dessus tout en accompagnant vers la droite.

Un ressort (attention, il a tendance à sauter facilement !) et un fin anneau de plastique restent en place sur le levier ou viennent avec le capot. Dans tous les cas, les retirer.

 

Et c’est tout ce qu’on peut faire de ce côté-là !

 

  1. En retournant le levier, une petite vis BTR sans tête se cache dessous, et verrouille l’axe de pivotement. La sortir complètement.

 

  1. Pousser sur l’axe pour l’extraire entièrement. En cas de résistance, un chasse-goupille est mieux adapté qu’un tournevis.

L’axe peut résister mais fini par venir d’un côté ou de l’autre, ça n’a aucune importance.

 

  1. La partie levier se sépare de la partie cocotte.
  1. À l’arrière du levier, retirer le ressort et les 2 entretoises plastiques qui pivotent autour de l’axe. Remarquez sur cette photo que le petit barillet de câble de frein est toujours en place. S’il ne se déboîte pas immédiatement, ne pas forcer. Le laisser monté, il n’est pas gênant.
  2. Pour avoir accès au mécanisme du levier proprement dit, il reste à retirer la petite vis cruciforme cachée entre le levier de descente et celui de montée des plateaux.
  1. Une fois la vis cruciforme retirée, tirer sur le levier principal. Le mécanisme se dégage… Mais la petite rondelle frein carrée située juste derrière la vis cruciforme y restera peut-être accrochée ; dans tous les cas, faire attention à ne pas la perdre.

Les entrailles apparaissent dégueulasses… D’un autre côté, si tout était propre, il n’y aurait pas besoin de démonter ! De l’ancienne graisse est figée et amalgamée en bouillasse avec de la poussière et de petits grains de sable. Forcément, ça empêche un fonctionnement correct ; il est temps de faire un bon brin de ménage !

À ce stade, on pourrait démonter davantage le mécanisme, mais franchement, comme le dit l’adage : « le mieux est parfois l’ennemi du bien ». Rien ne vous empêche de le faire, mais tripoter cette usine à gaz alors qu’on peut très bien s’en passer, est un peu idiot. De toute façon, même à l’origine, aucune des petites pièces le constituant n’était disponible chez Shimano. Comme tout ce qui intéressant pour la remise en état est accessible tel quel au nettoyage, autant faire au plus simple et éviter les emmerdements !

  1. On commence par un nettoyage minutieux de la bouillasse et de la vieille graisse figée. L’acétone est parfaite dans ce rôle. Pas de panique, peinture et plastique résisteront sans problème. Le Shimano ancien, c’est du costaud ! Furetez bien partout avec un chiffon, sans faire tremper directement dans l’acétone. Cure-dents et cotons-tiges (attention à ne pas mettre d’échardes ou de peluches dans le mécanisme) apporteront une aide précieuse. Nettoyer ensuite bien au fond (dans le cul-de-sac indiqué par la flèche verte) en aspergeant généreusement d’huile WD40, qui va liquéfier la vieille graisse figée. Si les plateaux ne montent ni ne descendent plus, c’est là que le mécanisme se coince avec la vieille graisse figée.

  1. Après avoir laissé un moment agir, accompagner le mécanisme au niveau du tire-câble (flèche bleue sur la photo précédente) en faisant monter et descendre les plateaux en ayant remboîté le levier provisoirement (pas  besoin de remonter la petite vis cruciforme).

Le mécanisme devrait déjà mieux fonctionner… ou pas ! Si les crans ont des ratés, ne s’enclenchent pas, ou que les engagements ne sont pas aussi francs dans les deux sens, pour l’instant c’est normal.

  1. Retirer doucement le cliquet de son pivot (flèche verte),  puis nettoyer la crasse qui était cachée derrière, au niveau du mécanisme (lame de tournevis sur la photo) et derrière le cliquet lui-même.
  1. Une fois le tout propre, écarter le ressort (sans excès) à l’aide d’une fine lame de tournevis pour pouvoir replacer le cliquet (sur son axe lubrifié) en s’assurant de sa bonne mobilité. 
  1. Après une nouvelle giclée de WD40 dans tout le mécanisme, monter et descendre les plateaux à nouveau. Faire reposer le mécanisme quelques instants. si l’huile dégrippante ressort encore sale, renouveler l’opération, puis bien essuyer.
  1. Asperger ensuite d’huile plus épaisse (l’huile monograde type SAE 30 ou 30W pour moteurs rustiques,  convient parfaitement). Ne pas mettre de graisse dans le mécanisme ; elle « collera » les poussières et grains de sable dans le creux des cliquets, alors qu’ils s’éjecteront plus facilement en présence d’huile. De toute façon, en ayant bien observé le démontage, on a pu constater que la graisse s’est éparpillée partout… mais a disparu depuis longtemps du voisinage des cliquets, là où elle aurait dû justement servir à quelque chose ! Il est donc préférable de n’avoir qu’un bon film d’huile, le mécanisme n’en fonctionnera que mieux sur le long terme. Pas de crainte à avoir, cliquets et rochets sont réalisés en acier très résistant.
  1. Le mécanisme doit maintenant fonctionner parfaitement, sinon bien inspecter le mécanisme à la recherche de saleté restée dans les crans (si ceux-ci sont usés, pas de miracle… mais c’est exceptionnel). On peut passer au remontage.

 

 

  1. Avant de remboîter les deux sous-ensembles, replacer la petite rondelle frein carrée au fond du levier principal, sa partie saillante orientée vers le fond.

 

  1. Les deux sous-ensembles remboîtés sans avoir fait tomber la petite rondelle carrée, revisser la petite vis cruciforme.
  1. Replacer l’anneau plastique dans sa rainure, et un des deux ergots du ressort sur le petit trou du levier.
  1. Présenter le petit trou du capot sur l’ergot du ressort, puis tourner doucement le capot à gauche pour l’enclencher dans la bonne position sur le carré du levier.

 

 

  1. Sans relâcher la pression sur le capot (pour éviter que la force du ressort ne l’éjecte), remettre la rondelle éventail et la vis pour finir de rassembler le mécanisme.

 

 

La dernière opération consiste à remonter le sous-ensemble du levier sur le corps de la cocotte.

  1. Pour cela, remonter les 2 entretoises plastiques (flèches vertes) et le ressort. Il vient se placer autour de l’entretoise longue, et son crochet passe dans le petit trou (flèche orange).

 

  1. Remboîter ensuite les deux sous-ensembles, le ressort ne pose pas de difficulté.

 

  1. Il suffit de remettre l’axe et c’est terminé. Attention, il possède un sens : il faut que la partie évidée tombe en face du trou de la vis de verrouillage, sinon le retourner.
  2. Un peu d’huile facilitera le coulissement de l’axe. Petite astuce supplémentaire : un chasse-goupille ou un tournevis (avec un diamètre de lame similaire à celui de l’axe) emboîté provisoirement par l’autre côté, aidera les deux sous-ensembles à rester en face… et l’axe traversera sans trop de problèmes.

 

 

  1. Une fois que l’axe affleure des deux côtés de la cocotte, revisser la petite vis BTR de verrouillage.

 

 

 

  1. Il reste à recoller la pastille décorative… Ici l’ancien logo trouble est en compagnie d’une série de refabrication ; et voilà une manette STI toute neuve… ou presque !

 

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