À première vue, quand on se trouve face à une roue libre telle que celle-ci, anonyme, sans ergots ni moyen évident pour la dévisser du moyeu, deux questions se posent :
- Qu’est-ce que c’est que ce truc ? (comment identifier la marque et le modèle)
- Comment ça se démonte ? (il n’y a apparemment rien de prévu pour le faire)
Bref, il faut d’abord savoir de quoi on parle pour pouvoir agir dessus !
L’identification
Pas simple, mais comme premier indice on a ici une silhouette bien particulière. On note déjà l’absence de place pour insérer un extracteur, l’absence d’ergot ou d’autre chose qui permettrait de séparer cette roue libre du moyeu. Ensuite, même si les pignons pour 3 vitesses sont toujours épais (habituellement ≈ 2,7mm)… ici ils sont très épais (3,0mm) et les dents semblent taillées grossièrement. On les dirait plutôt conçus pour une mobylette qu’un vélo. C’est du mastoc, on est loin des types conventionnels que l’on rencontre fréquemment tels les Atom ou The Best Wheel ou encore les J.Moyne plus anciennes… c’est normal, ici c’est encore plus vieux !
En regardant partout – et à condition qu’il n’y ait pas trop de dépôts de graisse, de boue, de rouille ou d’autre chose – rien de visible : pas de logo, pas de marque, pas de modèle. Avec un peu plus de chance, il peut y avoir un sigle Cyclo stylisé (ressemblant à un vélo) gravé sur l’envers du grand pignon, vers le centre… autrement dit, tant qu’on n’a pas démonté la roue libre on ne le voit pas, on n’est donc pas plus avancé ! Dans le meilleur des cas, le sigle Cyclo apparaît plus ou moins caché sur le 2ème pignon, ou mieux, en face avant du 1er. En résumé, si on retrouve quelque part un gribouillis qui ressemble à un marquage « CYCLO », la roue libre en est une, et si on ne voit rien… c’en est peut-être aussi une ! Sinon, vous pouvez exceptionnellement arriver à mettre la main sur un exemplaire neuf comme ici avec sa boîte, et là, il n’y a plus d’ambiguïté… mais ce matériel n’étant pas loin d’être centenaire, n’y comptez pas trop !
Le démontage
On l’a vu, impossible de placer un extracteur là-dessus. Alors, s’agit-il d’une roue libre vissée classique ou autre chose, monté sur un moyeu particulier et spécifique (comme les Cyclo-Tank) ? Non, ici tout est conventionnel, l’astuce est ailleurs… Très simple en vérité, mais pour élucider le mystère il faudrait arriver à démonter, et le démontage – comme le montage – est tout à fait classique. La seule différence est que d’habitude on change – éventuellement – les pignons après avoir retiré la roue libre du moyeu, alors qu’ici c’est l’inverse : il faut d’abord retirer les pignons pour pouvoir enlever la roue libre du moyeu.
Tout bête donc. Pour cela, placer un fouet à chaîne sur le premier pignon et un autre sur le dernier, puis faire levier dans le sens antihoraire. Avec un peu de chance, le pignon central se dévisse en venant avec le premier… ou pas ! Ici, seul le premier pignon s’est desserré, mais on commence à entrevoir la solution : des créneaux – 2 ou 4 – apparaissent sur l’anneau central de la roue libre (flèches orange). Ça ressemble maintenant à un montage totalement classique… sauf qu’il n’y a toujours pas assez de place pour arriver à glisser un outil !
Il faut donc retirer également le pignon du milieu, en se servant à nouveau des fouets à chaîne.
C’est maintenant très clair et plus rien n’entrave l’accès aux créneaux. On est donc face au démontage d’une roue libre conventionnelle.
On voit également émerger sous la crasse la marque et le modèle de la roue libre : ’’Cyclo C’’ ou ’’Cyclo D’’.
À l’aide de l’outil approprié – voir cet article pour en fabriquer facilement un – la roue libre se dévisse maintenant du moyeu de manière classique, dans le sens antihoraire.
Voilà pour la séparation du moyeu, on peut maintenant remettre les pignons à leur place, sur le corps de la roue libre.
Le cas particulier du 3ème pignon
On a vu comment séparer les premiers pignons du corps de roue libre, mais pour le dernier alors ? Pas franchement simple, car ce n’est pas prévu ! Bah oui, c’est comme ça, mais en étant réaliste il ne sert à rien de chercher à le retirer tant que ses dents ne sont pas hors d’usage. Pour l’extraire, pas de mystère ; le dernier pignon se démonte comme les deux autres, par l’avant. Mais pour le dévisser, il n’y a pas moyen d’immobiliser la roue libre… sauf si vous avez la chance d’avoir un exemplaire comportant une encoche à son revers, mais il n’y en a pas toujours ! Dans ce cas, une clé à ergot – ici la courbure de la clé n’épouse pas parfaitement celle du pignon, on pourrait dans l’idéal trouver mieux – vient dans l’encoche immobiliser le corps de roue libre tandis qu’un fouet à chaîne dévisse le pignon… qui peut se montrer très serré !
En l’absence d’encoche à l’arrière, il faut procéder autrement…
Afin d’immobiliser le mécanisme, serrer fermement le corps de roue libre dans un étau en intercalant une protection – ici la lame d’un couteau à enduire fera parfaitement l’affaire – puis faire levier avec le fouet à chaîne en prise sur le pignon. Il suffit de pousser fort dans le sens antihoraire.
Anatomie
Comme les trois pignons sont tous différents, ils ont une place précise ; aucun risque de les intervertir… mais moins de possibilités, aussi, de pouvoir changer d’étagement comme on pourrait le faire sur d’autres systèmes.
Le corps de roue libre est très plat ; et le pignon central vient bloquer le dernier tout en servant de porteur au premier.
Le dernier pignon, presque plat, possède un léger rebord orienté vers l’arrière. Son diamètre intérieur est de 54,4mm pour une épaisseur de 3,0mm aux dents, et totale de 4,1mm au centre.
Le second pignon se visse sur le corps de roue libre d’un côté, et accueille le premier pignon de l’autre ; tout cela via deux filetages intérieurs : 54,4mm vers l’arrière et 37,9mm pour y visser un pignon de départ de 14 dents minimum. L’épaisseur totale de ce pignon est de 12mm pour une épaisseur de 3,0mm aux dents.
Le premier pignon se visse directement dans le second, via un filetage extérieur de 39mm pour un pignon de 14 dents minimum. Ce pignon à une épaisseur de 7mm au centre, pour 2,8mm (’’Cyclo D’’) ou 2,9mm (’’Cyclo C’’) aux dents.