Bertin C32 – (1981)

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Comme beaucoup d’autres noms du vélo, Bertin est ressorti des oubliettes – y compris avec des horreurs électrifiées – dans uns stratégie marketing discutable qui a le don de m’agacer prodigieusement. Exhumer des marques historiques pour revendiquer une image et un savoir-faire passés dont on n’est pas le dépositaire, ce genre de récupération foireuse a le don de me hérisser le poil. Vous l’aurez compris, il n’est pas question ici de chinoiseries contemporaines plus ou moins francisées pour mieux tromper le couillon, mais d’un véritable C32 d’époque. Ça, c’est fait ; et c’est dit, na !

Un vrai vélo Bertin j’en avais déjà un, avec ce C220 de 1984 arrivé dans un état « sorti de grange ». Après pas mal de temps passé à tout récurer, à polir, à graisser, à régler, à fignoler… Je suis tout de même parvenu à un résultat très sympa pour un budget se résumant à une paire de boyaux et 2 ou 3 bricoles comme un jeu de cocottes, câbles et gaines. Rien d’extraordinaire donc, malgré beaucoup de main-d’œuvre et de patience pour cause de rouille et d’aluminium très oxydé…

Ce qui est moins commun, par contre, c’est le C32 que je vous présente ici. J’ai aperçu ce tout petit vélo (taille 48 en boyaux de 700) dans une déchetterie, attiré tout d’abord par sa teinte vieil or, ou orange citrouille métallisé – qui fait toujours son effet par une matinée ensoleillée ! – et son pédalier Spécialités TA Pro 5 vis. Un beau vélo, fut-il fatigué, ne se jette pas comme une vulgaire boîte de conserve. Bertin ne m’était pas inconnu avec mon C220 – pas encore restauré à l’époque – mais son petit frère me laissait perplexe avec ses raccords de cadre inhabituels et son équipement entièrement français (Bertin étant l’importateur officiel Shimano depuis les années 70). Ne connaissant ni l’époque exacte ni le modèle de ce vélo, j’ai demandé l’aide de Jim de Bertin Classic Cycles qui a eu la grande gentillesse de prendre de son temps pour résoudre cette énigme. Après l’échange de photos et de quelques messages où je voyais d’après ses questions précises que Jim cernait bien le vélo, l’identité de ce C32 a été établie – dans un état totalement et parfaitement d’origine – le seul que Jim connaisse en dehors de ses catalogues ! Un survivant d’une rareté certaine, donc. Autour de 1982 d’après Jim, que j’ai réajusté à 1981 en fonction de l’unique code date que j’ai pu trouver, gravé sur le moyeu arrière. De toute façon, à un an près, il n’y a pas mort d’homme !

Voici donc pour la petite histoire. Bien que très loin d’être à ma taille, je ne démantèlerai pas ce vélo. Virtuellement identique à ce qu’il était à sa sortie d’usine, il mérite d’être conservé tel quel, dans son jus.

10kg tout rond au peson, le vélo ne doit pas être si mauvais. Les fameux raccords de cadre inhabituels pour un Bertin : des Bocama série Spéciale Course.

Construction entièrement en tubes Durifort 888 (les trois 8 sont gravés vers les extrémités des tubes, très légèrement visibles sous la peinture en regardant attentivement).

Le pédalier Ta Pro 5 vis est proportionné à la taille du vélo : les manivelles ont une longueur de 165mm, et le grand plateau est de 50 (habituellement 52 sur les courses de l’époque). Le seul détail curieux est, en y faisant attention, la profondeur des cale-pieds plutôt destinée aux grandes pointures !

Peut-être un rajout d’époque, comme la présence des deux porte bidons, détail également inhabituel pour l’époque… Un vélo pour un cycliste qui avait une grande soif, donc… En tout cas, cela prouve qu’il était fait pour rouler !

En restant dans la transmission, les dérailleurs sont de la famille Prestige de Simplex, aujourd’hui mal aimés – et à juste raison – pour la fragilité de leur plastique, mais qui à l’époque faisaient davantage moderne que camelote en plastoc.

Et oui, en vieillissant le Delrin® à tendance à se rétracter, se fragiliser et casser. Le corps du dérailleur avant n’y a pas échappé… après 40 ans !

Les manettes, Simplex elles aussi, s’en sortent mieux. En fait, il y a souvent une méconnaissance. Elles ne sont pas construites dans le même plastique (j’en parlais déjà ici au sujet de ce Peugeot P50) : les corps des dérailleurs sont en résine acétate (ou Delrin®) mais les manettes, plus résistantes, sont en résine polyamide (ou Zytel®).

Le guide câbles composite acier/plastique – en bas du tube diagonal – est lui aussi signé Simplex, mais cherchez l’erreur, les colliers de gaines – du tube horizontal – ne sont pas des Simplex mais des Huret.

 

La roue libre est une Maillard Normandy 5 vitesses. Même si c’est un grand classique que l’on retrouvait plutôt en demi-course qu’en course – avec son étagement emblématique de 14-17-19-21-24 – il est aussi adapté à la taille du vélo, destiné aux juniors ou personnes de petite taille.

Même si ce vélo est virtuellement identique à sa configuration d’origine, on voit qu’il a quand même bien dû rouler vu le passage de la chaîne qui a poli les dents des pignons. Les plus utilisés étant ceux de 19 et 21, l’usage junior semble le plus probable, et pourquoi pas en compétition, vu la présence des deux porte bidons.

Ces moyeux Milremo (marque crée par Bertin) ressemblent fortement à des Normandy… Si bien qu’à l’arrière il n’a pas été débaptisé et a gardé son appellation Normandy.

Ces jantes à boyaux Ava sont elles aussi un équipement peu courant.

Dans les périphériques, cet ensemble cintre/potence Atax Franco Italia voit son Philippe (au-dessus de la gravure du coureur) rebaptisé Milremo.

Milremo, toujours, pour la tige de selle ; bien que la selle elle-même soit une Idéale 2000, la première de la marque à avoir été conçue en coque plastique.

Le freinage est confié à ces étriers Mafac Racer.

Pour les commander, ces leviers assortis avec leurs molettes de réglage très pratiques à l’usage, ajustables même en roulant. Hélas, les cocottes sont sur le point de se désagréger complètement.

 

Les pontets et petites pièces sont aussi signées Mafac.

 

 

 

Pour finir avec du beau matériel, les pédales – des Lyotard 460D – sont largement en duralumin.

 

 

 

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