Anatomie des roues libres 5 vitesses Atom 66 & Regina Extra / Corsa / Gran Sport

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Dans un article précédent, je vous avais présenté les roues libres Atom 4 et 5 vitesses classiques dont l’anneau central mentionne, en écriture script « Atom Bté SGDG     made in France ».

Il s’agit de modèles encore aujourd’hui très courants comme ceux-ci :

 

Moins simples à dénicher, mais présentant un fort lien de parenté – car utilisant des pignons à l’identique – je vous présente cette fois les modèles Atom 66 (à gauche) et Regina Extra (au centre). La ressemblance est évidente avec les Atom classiques (à droite), non ?

Les roues libres italiennes Regina Extra (et autres Corsa, G.S. ou Gran Sport), surtout en version ORO sont excessivement surcotées. Rien ne le justifie, sauf l’envie d’avoir des pignons dorés… mais faits du même acier que les autres ! Pesant donc le même poids qu’une Atom classique ou 66, c’est du pur tape-à-l’œil, du trompe couillon qui n’apporte rien, à part flatter l’ego de son propriétaire… Du moins jusqu’à ce que les pignons soient recouverts de crasse, et où là, le joli doré ne fait plus illusion !

Voici donc de quoi ont l’air les pignons :

Comme promis, je vous avais dit qu’ils sont identiques. La preuve avec ceux des Atom 66 (en haut), des Regina (au milieu) et des Atom classiques (en bas). Pas de doute, ce sont les mêmes aux diamètres des trous d’allègement près, et aux pentes des dents très légèrement différentes, mais c’est vraiment pour pinailler. Tout est rigoureusement interchangeable. Les Atom sont donc une bonne source de pignons pour remettre à neuf une Regina habituellement très cher en occasion… et encore plus, sortie neuve d’un vieux stock !

Pour les corps de roues libres, même chose, c’est du pareil au même :

Mêmes filetages, mêmes épaisseurs, tout est identique avec ces corps Atom 66 (à gauche), Regina (au milieu) et Atom classique (à droite). Ici le bon plan est de récupérer un corps Atom (66 ou classique) pour y monter vos pignons Regina, car les ergots des corps Regina sont très fragiles et ont souvent été massacrés par des démontages hasardeux. Les cannelures Atom, au moins, c’est du costaud… et on n’est pas tenté de s’y essayer à coups de burins !

Démontage :

Désassembler ces roues libres peut se révéler assez compliqué. La procédure est identique aux modèles Atom 4 et 5v classiques. Revoyons ça.

Afin d’utiliser au mieux les fouets à chaîne, vous pouvez consulter cet article.

Tous les pignons sont montés vissés sur le corps de roue libre. Les filetages des trois premiers pignons sont filetés dans le même sens que pour les roues libres classiques ; et les deux derniers sont filetés en sens inverse. Donc, selon le pignon à dévisser, il faudra se servir des fouets (avec toujours un fouet en prise sur le premier pignon, et l’autre sur le dernier restant) dans la configuration A ou dans la configuration B… Sinon on se retrouvera à serrer plutôt qu’à desserrer !

Allez, c’est parti ! On commence classiquement en configuration A.

Dans le cas idéal :

  • Le premier pignon se dévisse.
  • Si les deux premiers pignons sont venus ensemble, les séparer au besoin ; s’ils ne sont pas venus simultanément, extraire le deuxième, toujours en configuration A.
  • Il reste maintenant les trois derniers pignons sur le corps de roue libre. Retourner les fouets en configuration B (ce qui permet habituellement de moins forcer qu’en configuration A, car les plus grands pignons – vissés moins forts – sont plus faciles à extraire). Le dernier pignon se dévisse alors.
  • Il reste maintenant les deux pignons centraux sur le corps de roue libre. Et c’est là qu’il faut se poser la bonne question. Si jamais le dernier pignon ne veut pas s’extraire, lequel doit rester en place ; soit parce qu’il est impeccable et n’a pas besoin de bouger, soit parce qu’il est trop usé pour être conservé et qu’on peut le sacrifier sans remords ? Attention, s’il faut absolument dévisser le dernier pignon, il faut que ce soit le 4ème qui reste sur le corps pour réaliser l’extraction décrite plus loin à l’aide d’un étau.
  • Donc en résumé : pour extraire le plus petit des deux, se mettre en configuration A ; sinon, pour extraire le plus grand se mettre en configuration B.
  • Il reste alors un dernier pignon sur le corps de roue libre… et il est parfois bien serré ! C’est la partie la plus délicate du démontage. Pour extraire ce fameux pignon, le corps de roue libre des Regina comme des Atom 66 ne possède pas un retrait de la partie centrale (à gauche, et zoom avec flèche orange), contrairement aux Atom classiques (à droite). Ici elle est saillante (flèche orange), on ne peut donc pas utiliser la procédure de l’étau que j’ai décrit pour les Atom classiques… sinon on a toutes les chances de broyer les billes du mécanisme de roue libre. Une solution élégante consiste à se servir de l’outil spécifique Var 386, formé de deux coques filetées pour immobiliser le corps de roue libre… Outil devenu maintenant introuvable sauf à prix prohibitif, il va donc falloir se débrouiller autrement.
  • Faute de mieux, il faut donc se servir du deuxième pignon comme entretoise. Attention, il ne faut pas détruire le filetage du corps de roue libre ni du pignon lorsqu’on va serrer l’étau. Le deuxième pignon (avec éventuellement le premier, s’il est resté assemblé dessus) est revissé provisoirement à la main – sans forcer – sur le corps de roue libre ; sans jeu, c’est-à-dire ni trop serré pour ne pas rester ensuite bloqué sur le corps de roue libre (ce qui ne nous avancerait pas beaucoup…), ni trop lâche pour ne pas risquer de détruire les filetages lors de la compression.
  • Puis on sert le tout dans un étau – fermement pour ne pas riper – en intercalant une protection pour le deuxième pignon.

Ici la lame d’un couteau à enduire fera parfaitement l’affaire.

  • Maintenant, à l’aide d’un fouet à chaîne en prise sur le pignon à extraire, il suffit de pousser fort ! Le pignon restant, quelle que soit sa position, se desserrera toujours vers la gauche (sens antihoraire).
  • Il arrive quelquefois que le dernier pignon soit vraiment impossible à dévisser. S’il n’y a pas nécessité absolue à le démonter, laissez-le tranquille. Sinon, s’il est usé, vous pouvez le sacrifier en y faisant trois saignées au plus près du corps, mais sans entailler ce dernier. Insérer ensuite un burin dans une des trois fentes, et un coup de marteau fera éclater le pignon (à répéter sur les autres fentes si besoin) !

 

Cas exceptionnel :

Roue libre complète, il est possible que même avec un bon effort sur les fouets à chaîne, rien ne bouge ! Ne pas insister, mais au contraire retourner les fouets en configuration B… et c’est le dernier pignon, plutôt que le premier, qui se dévissera d’abord !

Pour dévisser ensuite le premier pignon, remettre les fouets en configuration A et reprendre la procédure.

 

Pignons :

Comme nous l’avons vu au démontage, tous les pignons sont filetés… et de 4 diamètres différents !

5 pignons et rien de plus. Il n’y a aucune entretoise, elles sont intégrées dans l’épaisseur des pignons.

Comme vous le voyez, le corps de roue libre est très plat. Trois filetages de diamètre différents accueillent les pignons.

Les deux derniers pignons ont un diamètre intérieur de 55,3mm pour une épaisseur de 2,0mm aux dents, et totale de 3,8mm au centre.

Le troisième pignon a le même aspect que les précédents, mais il est fileté en sens inverse. Aucun risque de se tromper, car le diamètre du filetage est plus petit, avec un diamètre intérieur de 50mm pour une épaisseur de 2,0mm aux dents, et 3,8mm au centre.

 

Le second pignon se visse sur le corps de roue libre d’un côté, et accueille le premier pignon de l’autre ; tout cela via un filetage intérieur unique de 42mm (pour un pignon de départ de 14 dents minimum, le filetage est réduit pour accueillir un pignon de 13).

L’épaulement court se place du côté corps de roue libre, et l’épaulement large accueille le premier pignon.

L’épaisseur totale de ce pignon est d’environ 7,5mm.

 

 

Le premier pignon se visse directement dans le second, via un filetage extérieur de 43mm (pour un pignon de 14 dents minimum, le filetage est réduit pour un pignon de 13).

Ce pignon à une épaisseur de 5,3mm au centre. Le filetage est donc un poil plus long que celui des Atom classiques (5mm d’épaisseur) mais en pratique ne change absolument rien, ils restent interchangeables !

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6 réflexions au sujet de « Anatomie des roues libres 5 vitesses Atom 66 & Regina Extra / Corsa / Gran Sport »

  1. Bonjour Patrick
    Juste pour vous signaler une coquille sur les diamètres de filetages des pignons bleus et verts sur votre schéma.
    En toute honnêteté, je serais intéressé par les bons diamètres car je vais modifier les dentures d’ une roue libre Atom 4V adaptée pour la randonnée.
    Merci pour votre site qui est une mine d’informations !

    1. Bonjour Pascal,

      Les diamètres sont bons, il y a une différence d’1mm entre celui pris sur la roue libre et celui mesuré sur le pignon… c’est le diamètre du filetage.

      Certaines séries ont parfois un 2ème pignon au filetage resserré à 38mm pour accueillir le 1er pignon, mais c’est très rare.

      Patrick.

  2. Bonjour

    Merci pour tout ces renseignements qui sont très riches de nos jours.
    Ma question est la suivante: avec qu’elle clé on peut démonter la roue libre Atom 66 4 vitesses de sa roue ?
    Est-ce la clé Var 40100 ?

    1. Bonjour Georges,

      Les roues libres Regina Extra se démontent avec l’outil Var RL-18800.
      En cas de difficulté pour le trouver, les Var 413 (ou RL-41300) et Park Tool FR-2 fonctionnent aussi, mais il faudra légèrement limer les ergots en largeur.

      Patrick.

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