Le BRM 300 km de Longjumeau – 18 avril 2015

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Cette année, j’ai vraiment du mal à émerger du sommeil pour me rendre sur un brevet. Ouvrant un œil à deux heures du matin, c’est une évidence, je n’ai pas assez dormi. J’aurais tellement envie de me recoucher… mais il faut bien y aller ! Ma tête est lourde, si lourde, comme un ballon de plusieurs tonnes planté au bout d’une perche ridicule, et qui tel un pantin dérisoire et pathétique, flotte au vent. Du vent justement, il devrait en être question sur le retour, par la plaine bien dénudé de la Beauce. Plus de cent cinquante kilomètres de vent contraire, la perspective ne m’enchante guère. L’envie de me recoucher devient très tentante. Ne pourrait-on pas l’avoir contre nous à l’aller plutôt, le vent, ça m’arrangerait vraiment ! Je pense que ça nous arrangerait tous, mais naturellement je n’ai aucune prise sur les éléments… Sur le pas de la porte, je jette un regard vers le ciel d’encre. Quelques rares étoiles brillent, les autres ont dû être chassées par ce petit vent frais déjà présent. L’explication n’est pas très réaliste, mais l’idée me plaît bien… SAM_0131La météo n’a donc pas menti, le retour s’annonce ingrat !

 

L’accueil de ce brevet est sympathique, comme toujours à Longjumeau. Dommage que le club ne soit pas à côté. Il y a du monde au départ, année de Paris-Brest-Paris oblige. Nous partons. Le vent arrière ne me paraît pas si fort, mais une bonne rafale de temps en temps me déporte un peu, malgré les gros pneus du vélo. Rien de grave, ça roule bien. Le seul problème, pour moi en tout cas, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à photographier cette nuit… alors je m’ennuie un peu !SAM_0137 Alain, vu sur le BRM 300 km de Troyes l’année dernière, me reconnaît. Il est encore venu avec son magnifique vélo en aluminium, j’adore sa ligne originale. Cette traversée de nuit de Rambouillet me rappelle quelque chose, j’y suis passé plusieurs fois en sens inverse. Nous arrivons au premier pointage de Nogent-le-Roi au petit jour. Cette fois nous ne passons pas vraiment par la vieille ville médiévale. La bourgade y perd beaucoup en saveur.

SAM_0145Dans ce sens, nous continuons à être aidés par le vent. Il ramène encore avec lui un air assez frais. Les routes me sont toujours aussi familières. Vieux souvenirs de Paris-Brest-Paris, du BRM 600 km de Rambouillet ou de celui de Montigny le Bretonneux… C’est le côté rassurant de la randonnée à vélo, celui de retrouver tous ces bouts de territoires, qui donnent cette impression de chez-soi où que l’on se trouve, et parfois à l’autre bout du pays ! L’étape est courte. Nous entrons dans le Perche, accueillis par un drapeau québécois flottant au loin. SAM_0160Sa présence n’est pas si étrange, pas mal de Québécois viennent de là. Et dire qu’on nous démantèle nos régions, pour quoi faire ? Dans cette avidité grotesque, nos départements vont peut-être bientôt suivre, comme si la France n’avait aucune identité territoriale, aucun passé, aucune histoire, rien. Pourquoi la logique économique, n’a-t-elle si souvent aucune logique, justement ? Quelle absurdité ! Une société qui ne se soucie pas de son passé a-t-elle vraiment un avenir ?

SAM_0161Nous repartons de Brezolles après le pointage de rigueur. Une toute petite étape, moins d’une vingtaine de kilomètres jusqu’à La Ferté-Vidame, et surtout dernière étape avec le vent favorable. Sur le point de repartir, un participant semble dubitatif devant mon étrange machine. Ses gros pneus lisses en 650B et ses freins à disques l’intriguent. SAM_0186Il s’interroge sur la possibilité d’adapter un tel freinage à l’arrière de son vélo couché, pour éviter que sa chaîne à la longueur démesurée ne vienne labourer l’étrier de frein classique. Même si son engin est tout en carbone, je lui explique ma façon de voir les choses, et finis par lui faire un schéma sur un morceau de papier extirpé de ma sacoche… En fait un vieux bout d’itinéraire du Dauphiné Gratiné !

Cette fois-ci, les choses sérieuses commencent. Le vent de trois-quarts face balaye tout et disperse les participants sur la route. À la faveur d’une bosse je me retrouve seul, personne ne revient par l’arrière. À l’approche de Champrond en Gâtine, l’équipe de l’U.S Métro m’enrhume comme à son habitude, mais rarement si tard. SAM_0200aNous sommes déjà à mi-parcours. Ils me rattrapent d’habitude bien plus tôt… Ont-ils pris la route tardivement, ou roulent-ils tranquilles après la Flèche Vélocio ? À Illiers-Combray, je me retrouve face à une route barrée pour travaux. Comme je n’en avais pas entendu parler au départ – en fait, j’ai sans doute raté quelque chose, encore pris dans des lambeaux de sommeil – alors je n’ai pas pris la déviation. À première vue, devant les barrières et les monticules de terre occupants toute la largeur de la route, je me dis que l’idée n’était peut-être pas aussi bonne !SAM_0212 Je reste un instant hésitant devant, dire que le panneau d’entrée du village se trouve juste derrière, tout proche. Maintenant que je suis là, je n’ai pas envie de repartir pour faire tout le détour, qui s’annonce assez conséquent sur ma carte… Personne en vue, le chantier est stoppé pour le week-end, comme souvent, mais même les bas-côtés sont envahis par les travaux. La traversée ne s’annonce pas franchement évidente, mais j’arrive à passer comme je peux, en essayant de ne pas glisser, ni massacrer mes cales…SAM_0228 Et c’est reparti dans le souffle d’Éole, maintenant implacable. Le beau soleil arrive à peine à me réchauffer. Après Dangeau, les rafales me ralentissent au point où par moments je ne dépasse pas les dix kilomètres heures, décadence du cycliste solitaire à la dérive. L’arrivée à Bonneval est laborieuse, les panneaux égrenant les kilomètres dans un supplice raffiné !

SAM_0232Même en ville, le vent souffle fort. Il reste une centaine de kilomètres et onze heures de délai. Une sacrée marge, mais ce n’est pas le problème. Rien n’est pire pour l’imagination que ce qui est invisible. Penser à ce vent est donc le seul écueil, mais il est de taille, bien plus terrifiant psychologiquement que physiquement. Sa nature éthérée est bien plus redoutable pour l’esprit que pour le corps ! Après un pointage rapide, je ne suis pas pressé de repartir. Sur la place, ambiance de fin de foire ou de marché, ambiance étrange et venteuse… En ce tout début d’après-midi, les commerçants finissent de démonter leurs installations. SAM_0236Le souffle met tout à terre, pas facile de remballer. Un petit groupe s’est formé devant le bistrot, avec Philippe de la Flèche Vélocio, et une exubérante cyclote, Cathy. Affronter ce vent furieux en solitaire ne me tente pas franchement, alors j’en profite pour repartir avec eux. Les rafales sont maintenant bien de face. SAM_0240aLa demoiselle a entrepris de s’ériger en coach comme si elle encadrait un troupeau de lapins de six semaines ! La situation est cocasse… mais après tout ça aide à passer le temps. La pause pipi, prise en commun, me semble un peu surréaliste. Cathy, accroupie dans l’herbe au milieu de nous, ne prend même pas soin de se mettre à l’écart, je suis un peu gêné. Comble de l’étrange, alors même que je reprends ma monture, je me retrouve avec la demoiselle accrochée à mes cuisses, entreprenant de les masser… pour remonter jusqu’aux cervicales. Le reste du groupe trouve cela apparemment tout naturel. M’y étant joins il y a peu, je ne me doutais pas de cette coutume… SAM_0241ani que les soins se concluent… par une main au cul ! Question de circulation sanguine sans doute ? Après cet intermède surprenant, nous repartons alors qu’un plus grand groupe passe. Nous nous y mêlons pour rejoindre Saint-Chéron, lieu du dernier pointage intermédiaire. Il ne restera alors plus que vingt-cinq kilomètres pour retourner à Longjumeau.

Pour en savoir plus :
le parcours ICI
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