Préserver une belle patine dans vos restaurations

Share Button

Si comme moi vous trouvez qu’une restauration plus neuve que neuve fait grotesque et ridicule – surtout si le vélo a dépassé un certain âge – si vous pensez que ce n’est pas respectueux de l’engin, alors vous voudrez sans doute conserver sa patine patiemment ciselée par le temps. Ceci dit, ça ne doit pas être prétexte à tout laisser pourrir et se désagréger à petit feu. Respecter le vécu, oui, mais stabilisé dans le meilleur état possible.

Alors, comment garder un véhicule ancien dans son jus, sans qu’il finisse en soupe, le jus ? Des produits à tout faire existent pour protéger les pièces en acier nu, chromé ou les vielles peintures, comme le très populaire Rustol… Personnellement, j’ai horreur de ce traitement qui jaunit vite et reste poisseux une éternité en attirant la poussière… Une catastrophe ! Les vernis mats pour métaux ont un rendu plus neutre et plus propre, mais à moins de conserver le vélo dans une atmosphère toujours sèche – ce qui veut dire qu’il ne roulera pas beaucoup ! – ils s’écaillent ou deviennent poreux avec le temps, laissant assez vite la rouille réapparaitre par dessous.  Bref, le résultat est assez provisoire.

Pour éviter que tout ce que vous avez mis des heures et des heures à récurer ne rouille ou se dégelasse trop rapidement, il y a mieux. Dans la gamme Restom, il existe un produit plutôt satisfaisant, conçu spécialement pour stabiliser l’aspect vieilli des véhicules anciens : le 6100 Protec Look. Plus qu’un verni, il formera une sorte de plastification souple offrant une protection assez efficace.

Au départ j’étais septique au sujet du rendu et de la durabilité du produit, alors j’ai fait un essai sur la partie centrale d’une vieille hache – appliqué directement sur l’acier rouillé – sans rien faire au préalable… et je l’ai oubliée 6 mois dehors, en proie aux intempéries, sans que la partie traitée ne se dégrade. Miraculeux le Protec Look ? Pas totalement, voyons ça :

  • Ravive la couleur et rend de la profondeur à la teinte… peut-être un peu trop ! Au départ la brillance est criarde, puis s’atténue un peu en séchant. Le rendu est plus discret qu’un verni, mais serait encore mieux un peu plus mat ; c’est la seule grosse critique à lui faire.
  • Ne donne pas de résultat flatteur ou artificiel. Même de très légères rayures ne seront pas atténuées. L’aspect naturel d’origine est conservé en toute neutralité (sur les photos les défauts de peinture : lézardes et porosité restent visibles mais sont colmatées).

 

  • Ne fait courir aucun risque aux vieilles peintures et décalcomanies (produit sans solvant, base à l’eau). Sur la photo, ce vestige de décalcomanie découvert entre une couche de barbouille et la peinture d’origine, est préservé.

 

  • S’applique aussi sur des zones recouvertes de rouille, et la stabilise… à condition qu’elle soit cohésive et ne s’effrite pas. Il n’y a pas nécessité de mettre l’acier à nu, un coup de paille de fer fine suffit pour s’assurer qu’elle reste bien accrochée. .
  • Le Protec Look n’est pas un verni. En séchant, il forme une couche de plastification souple et assez résistante en utilisation normale… Mais il faut en prendre soin, sinon on peut toujours arriver à l’écorcher facilement.
  • S’applique avec un simple pinceau sans laisser de trace, étant extrêmement fluide. Il ne faut donc pas être trop généreux, car le produit coule comme de l’eau et formera facilement une goutte au point le plus bas. Séchée, celle-ci pourra être éliminée délicatement au cutter ; faire ensuite une retouche soigneuse au pinceau pour un résultat invisible.
  • Une application monocouche est suffisante. Une double serait contreproductive, laide et trop épaisse ; et surtout, toute surépaisseur peut se craqueler en séchant.
  • Difficile à faire cohabiter avec des traces de polish, de produits gras ou téflonés qui entraveront l’adhérence du Protec Look. Il glissera dessus sans réussir à s’accrocher…. Et si une pellicule a pu être déposée au pinceau, elle pèlera en quelques jours. On peut tirer parti de cette propriété pour masquer de manière invisible les zones qui ne seraient pas à traiter.
  • Comme le produit est à base d’eau, il peut faire rouiller à nouveau superficiellement (mouchetures orange sur les photos à droite) certains aciers délicats une fois mis à nus (au centre de la photo), le temps de sécher ! Il faut donc l’appliquer de préférence en environnement chauffé – sans excès – ce qui limitera également le risque de former des gouttes.
  • Les pièces en alliage à base de cuivre – comme le bronze ou le laiton – demandent une attention particulière. Une application trop généreuse de Protec Look (à droite sur la photo) aura tendance à se teinter façon vert-de-gris.
      • Aucun problème pour rouler longtemps sous la pluie (testé sur des sorties de plusieurs centaines de kilomètres) sans que la rouille ne réapparaisse, même sur l’acier nu, permettant de profiter des vélos anciens en longues distances sous une météo incertaine. Sur la gauche de la photo, les zones rouillées avant traitement sont toujours là, mais ne se sont pas étendues.
Share Button