Le BRM 1000 km de Ménigoute – 27 juin 2013

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Jeudi 27 juin 2013, 4h du matin. Je me lève pour prendre mes trains allant m’emmener vers Ménigoute. Le temps d’arriver, et hop, ce sera parti. Un 1000 ça se mérite ! Pas assez dormi, nuit courte, réveil nébuleux : voici donc mon triptyque matinal. SAM_0003J’espère pouvoir m’assoupir un peu dans les wagons… finalement non, tant pis ! Les interconnexions sont un peu justes, et après trois trains successifs, j’arrive en gare de Lusignan sous un soleil laiteux. La température est encore fraîche, mais elle deviendra vite agréable. Je fais tranquillement ma vingtaine de kilomètres de liaison entre Lusignan et Ménigoute. Sur un 1000, on n’est pas à ça près ! Au départ quelques têtes plus ou moins connues, nous sommes vingt-deux. Bonne cuvée pour un BRM 1000, peut être en partie dopé par les distinctions Randonneurs 5000 et le tout nouveau Randonneur 10000. Pour moi, comme je viens de demander l’un et l’autre, c’est juste ma friandise de l’année ! Mon seul BRM pour 2013, car je n’ai aucune motivation depuis un moment, et il faut bien le dire, le mauvais temps est un excellent alibi cette année ! Le BRM 1000 de Ménigoute est presque devenu une institution, pas en termes de fréquentation hélas, mais il faut admettre que proposer un parcours différent chaque année, comme le fait notre hôte et organisateur Yvan, est quand même une initiative formidable… qui donne envie de revenir l’année suivante !

Menigoute1000Depart2013Le groupe des 22 participants au départ de ce BRM 1000. Un bon cru, puisqu'il y aura 22 homologués !

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J’arrive de Lusignan avec une petite demi-heure d’avance. 10h arrivent vite, le manque de sommeil et l’inconfort des trains ne me laissent pas en très grande forme. Le départ de la troupe des vingt-deux est tranquille. Au gré des premières pauses des uns et des autres, les têtes se croisent puis se dispersent. Je crois que je n’arriverai jamais à suivre correctement un rythme de groupe, soit trop rapide pour moi, soit pas assez énergique dans les bosses, soit je commence à piquer du nez la nuit, soit je surnage à la traîne comme un parasite en culpabilisant… Bref, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. La température est encore fraîche, SAM_0019avec ce ciel laiteux où le soleil essaie péniblement de se montrer. Par la suite la journée sera agréable, même bien chaude par moments. Un autre point positif de la météo, le vent se montre favorable dès le départ, et le restera tout au long des 500 premiers kilomètres. Avec le souffle dans le dos, je pourrais me dire que je suis bien affûté, mais soyons lucides, avec à peine 3000km dans l’année SAM_0024et un mois que je ne suis pas monté en selle pour cause de genoux récalcitrants, ma préparation est plutôt légère. Tenter un 1000 dans ces conditions est plutôt stupide… Mais comme je n’en suis pas à ma première ânerie, on verra si l’envie est plus forte que tout ! Petite portion de route fréquentée sur la D950 en direction de Melle, puis le calme revient vite. Après une de mes nombreuses pauses pipi, je me retrouve seul. C’est ma grande tragédie de début de brevet, il faut toujours que je marque mon territoire au départ… Et ce n’est pas pour autant que je retrouve plus facilement ma trace au retour !

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En tout début d’après-midi, les nuages se dispersent un peu, le soleil est plus franc, la température monte. Le cimetière des Gours est apparemment sans eau, mais je trouve de quoi me rafraîchir au petit robinet situé juste après, à côté de la mairie. À Verdille, j’ai la flemme de changer de carte si près du premier pointage, me disant que je le ferai une fois arrivé là-bas. Hélas, suivre les panneaux indiquant Rouillac n’est pas forcément une bonne idée, SAM_0049car au bout d’un long moment de doute, je me rends compte que les routes ne correspondent pas du tout… Finalement je me retrouve à faire un détour par dieu sait où, pour enfin retrouver mon chemin… un peu tard ! Ça commence bien ! Après cet interlude dont je me serais bien passé, j’arrive à Rouillac, toujours poussé par le vent. C’est notre premier lieu de pointage après une petite centaine de kilomètres à peine… À condition de ne pas s’être perdu ! Mes genoux n’arrivent toujours pas à se décoincer. Fichue tentative calamiteuseSAM_0063 de Flèche Paris – Nice en mai dernier. Pas de doute, celle-ci aura laissé ses traces sur le bonhomme. En début d’après-midi, tout le centre-ville de Rouillac semble avoir été pris d’assaut par une foire, ou peut-être un grand marché qui s’éternise. La foule est bien trop compacte pour que je puisse m’y mêler à vélo, j’ai trop mal aux genoux pour marcher avec mes cales en porte-à-faux, SAM_0044et de toute façon elles sont trop fragiles et trop glissantes pour aller à pied bien longtemps avec. Bref, je contourne tout le bourg sans trouver de commerce en dehors de cette marée humaine. C’est la même agitation partout, je perds un temps fou… Faute de mieux, je ferai une photo de pointage du panneau de sortie de ville.

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En repartant, les quelques vignes vues jusqu’ici se font plus présentes. L’après-midi devient chaud, la température frôle les 30°C quand le soleil se dévoile. Je fais une nouvelle pause rafraîchissement au cimetière situé en sortie d’Échallat. L’eau est froide et bonne. En repensant à Patrick Plaine, je me dis qu’elle n’a pas le goût de croque-mort. Une merveille autant pour la gorge que pour le corps. En ressortant, je suis rejoint par d’autres participants du brevet, SAM_0074venus également se rafraîchir, et nous repartons ensemble. Les petites bosses semblent un peu plus marquées, mais rien d’insurmontable. En direction de Guîtres, je fais une rapide pause photo devant l’exotique pancarte  du village de Petit Paris. En bon francilien, je ne pouvais pas passer devant sans m’y arrêter ! À l’approche de Libourne, l’enchaînement des lieux-dits L’Âne Mort puis Au Pâturage, me fait sourire : au moins sait-on où a eu lieu le crime ! Je sais, je suis très bon public.

Jeudi en début de soirée, pause pointage et Coca-Cola bien frais à Libourne. Étant accro à la caféine, j’avais envisagé un instant l’expresso en prévision de la nuit à venir, mais la chaleur de cette après-midi ne s’y prêtait pas. Guidé par le GPS de mes deux compagnons, Yvan et Serge du forum des Super Randonneurs, sortir de la grande ville ne pose aucun problème. Sur ma Flèche Paris – Bordeaux, la traversée de cette agglomération m’avait semblé très laborieuse de nuit, surtout en tentant de déchiffrer l’obscurité à la recherche d’une boîte aux lettres, SAM_0105que j’ai eu bien du mal à trouver d’ailleurs, pour y déposer ma carte postale de pointage. Aujourd’hui, rien de tout cela. Les vignes du Bordelais sont maintenant omniprésentes. Dans le lointain, le moulin de St Aubin de Blaye dresse sa frêle silhouette. Un peu avant Cantois, je continue seul, préférant profiter au maximum du jour qui reste. Je laisse Yvan et Serge à leur pause pique-nique. SAM_0114Vu mon allure, ils auront bien le temps de me rattraper. Je ne suis pourtant pas un modèle de rapidité, et cette fois-ci encore moins… Et pourtant je ne les reverrais pas ! La fin du jour tombe sur Langon, puis une nuit noire s’installe doucement sur mon passage. L’odeur des résineux chauffés par le soleil de la journée, donne un parfum très agréable à la nuit. N’ayant pas chauffé que les arbres, malgré le voile de nuages présent une très grosse partie de la journée, le soleil perfide a aussi fait son œuvre sur ma peau : mes bras, mes genoux et mes oreilles ont viré à l’écrevisse. Bien fait pour moi je n’avais qu’à prendre de la crème solaire ! La lune présente, mais prisonnière d’un épais voile nuageux, n’éclaire rien en première partie de nuit. Mes bidons sont presque à sec en arrivant à Captieux pour pointer. Heureusement, en prenant en photo l’église illuminée, je crois apercevoir au loin une petite pancarte blanche indiquant des toilettes publiques.

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Bien vu, le jeudi basculant tout juste au vendredi, je fais donc mes ablutions et le plein des bidons aux W-C publics de Captieux, puis retourne sur la grande place du village pour m’allonger cinq minutes au calme. J’ai besoin de m’assoupir un  instant avant de repartir. Et là, surprise, un groupe de cyclos est arrivé entre-temps. Aussitôt après, une camionnette de gendarmerie s’arrête. Rencontrer un groupe de cycliste à minuit ne doit pas faire partie de leur ordinaire. Bien entendu, ils nous interrogent sur le pourquoi du comment de notre présence ici… Puis les hommes aux képis s’en vont, rassurés de savoir que nous ne passerons pas la nuit là, et que nous repartons tout de suite, aller troubler – silencieusement s’entend – le sommeil d’autres honnêtes gens. Du moment que nous circulons, l’ordre public est sauf ! Devant un accueil si chaleureux, je me dis qu’il est temps d’aller faire tranquillement ma photo de pointage à la sortie du village. L’itinéraire emprunte de nouveau un grand axe, mais sans aucune circulation en milieu de nuit. C’est parti pour une éternité de grands bouts droits et plats. Heureusement, comme c’est la première nuit, il n’y a pas grand risque d’endormissement, même si j’ai raté l’occasion de me reposer un moment à cause de la maréchaussée. La température est encore agréable avec ses 14°C. Le clair de lune est enfin là, mais très faiblard derrière la nébulosité. Moi qui comptais dessus vu la météo prévoyant des nuits claires… Finalement le moyeu dynamo aurait été le bienvenu ! Au bout d’un moment, des prémices d’éclairages sporadiques me font comprendre que je serai bientôt rattrapé par trois cyclos – bien mieux dotés en éclairage que moi – du groupe de Captieux. Je m’y accroche autant que me le permettent mes genoux, et tant bien que mal, nous passerons deux bonnes heures de nuit à nous tirer la bourre jusqu’à Aire-sur-l’Adour. Cette étape sera sans conteste la plus roulante du parcours. Seul bémol, mes genoux n’apprécient pas trop la plaisanterie. Au prochain arrêt, promis, je ralentirai la cadence.

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Comme les trois autres filent tout droit au centre-ville, je me retrouve seul pour ma photo de pointage. J’espère qu’ils n’oublieront pas de faire la leur en ressortant de Aire-sur-l’Adour. Je peux maintenant repartir plus calmement… en solo. Le centre historique de la ville est particulièrement bien mis en valeur avec l’éclairage nocturne des bâtiments. Je négocie en douceur le raidillon en sortie du bourg. Le sommeil ne me guette toujours pas. De ce côté-là, tout va bien. Dernière portion de grands bouts droits jusqu’à Garlin. Après un autre petit raidillon, je ne résiste pas au distributeur de boissons placé dans le village, et je prends un Coca-Cola bien frais. Un petit bonheur simple de fin de nuit… à condition d’avoir toujours quelques pièces ! Dans le petit matin triste et gris, le panneau de Saint-Laurent-Bretagne apparaît comme incongru à deux pas de Pau. Au retour du jour, je m’aperçois que la géographie des bourgs semble assez étrange par ici : je rencontre un panneau de lieu-dit, suivi peu après d’un panneau d’agglomération… portant exactement le même nom !SAM_0149 Je crois d’abord avoir mal lu, mais la chose se répète de villages en villages ; curieux ! Après Pontacq, c’est une fois de plus le retour des grands axes, mais cette fois dans la circulation d’un vendredi matin ordinaire. Rejoindre Lourdes sur cette très fréquentée D940 n’a rien de très agréable, à se faire frôler sans arrêt par les excités à quatre roues. Le relief commence enfin à se dévoiler. Les montagnes se rapprochent, certains sommets sont plongés dans la brume, le paysage se laisse contempler.

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Vendredi 28 juin en début de matinée, Lourdes apparaît enfin après une étape globalement en faux plat ascendant. À première vue on ne dirait pas que la ville à tant souffert des grosses inondations survenues il y a quelques jours. Je pointe et me ravitaille dans une boulangerie. La très agréable commerçante n’est même pas surprise d’avoir à tamponner mon carton jaune… Et pourtant c’est la première qu’elle en voit un. Il faut dire qu’il en passe par ici, des quantités de crédentials de marcheurs en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, alors une carte en vaut bien une autre ! SAM_0153Je m’arrête un peu plus loin, pour faire ma pause petit-déjeuner dans l’agréable parc entouré de bâtiments rouge sombre. Je tourne le robinet pompe, et après un bon moment de glougloutements graves et métalliques, l’eau salvatrice met fin au suspens, jaillissant enfin pour remplir mes bidons et me rafraîchir un peu. L’eau n’est pas bénite, donc même venant de Lourdes il n’y aura pas de miracle… je repartirai avec mes mauvais genoux, tant pis. Je reprends la route sur la très passante D937. Vous l’aurez deviné, les grands axes ne sont pas vraiment ma tasse de thé… mais comme je n’ai étudié sérieusement l’itinéraire qu’assez tardivement, c’est bien fait pour moi, il fallait être prévoyant ! Les nuages noirs au-dessus des cimes, un temps sérieusement menaçants, se montrent finalement inoffensifs. Je peux poursuive mon chemin tranquillement.

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Une première vraie grimpette après Escoubès fait prendre 130m de dénivelé, et donne un avant-goût des hostilités. Mes genoux ont compris le message, moi aussi, mais il y a comme un hic : il faudrait bien que j’arrive à monter l’Aspin… et c’est quand même un problème de taille ! Je pensais rencontrer moins de circulation après Bagnères-de-Bigorre, mais non, la D935 est elle aussi, assez fréquentée. Ce trafic incessant me fatigue. À Sainte-Marie-de-Campan, la montée du col d’Aspin commence vraiment… en douceur. SAM_0200Comme je dois déjà faire des pauses de massages anti-inflammatoires qui ne soulagent absolument pas mes genoux, j’abandonne mon idée initiale d’aller faire en chemin un petit détour pour rendre visite aux cols des Palomières et de Beyrède. Tant pis. À cinq kilomètres du sommet, ma progression devient vraiment pénible. Mais comment grimper un col sans appuyer sur les manivelles ? Je dois réduire la pression sur le genou gauche, la rotule semblant avoir été remplacée par une pelote d’aiguilles ! Mon pédalage devient forcément laborieux, saccadé. Le pédalier n’est pas d’accord, SAM_0206il n’accepte pas d’être brutalisé alors il ne se gêne pas pour le dire, il se met à cogner et à craquer. La chaîne, drapée dans sa dignité, ne dit rien et tien bon. Le profil des deux derniers kilomètres se radoucit un peu, je peux finir l’ascension sans forcer inutilement. En haut, un troupeau de vaches broute paisiblement, insensible à toutes ces allées et venues pédalantes, et à ces cars de cyclistes espagnols venus chasser l’Aspin. Peu après midi, je m’offre une petite pause au sommet. Je contemple le magnifique panorama sur le contrebas. La moitié du chemin est fait, il ne reste plus qu’à rentrer. Mes articulations se reposeront un peu le temps de la descente jusqu’à Arreau… Pourvu qu’ils aillent mieux ensuite.SAM_0220 Je rallume mon éclairage pour traverser les nuages dévalant les sommets, poussés par le vent vers la vallée. Il fait froid dans la purée de pois. À Arreau, le parcours vire maintenant au nord, c’est la fin du vent favorable. Il faudra faire avec le petit souffle irrégulier, semblant parfois tournant, mais pas si gênant que ça en définitive… mais présent sur les 500 derniers kilomètres !

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Vendredi en début d’après-midi, je fais mon pointage à la Poste de La Barthe-de-Neste, au pied de la descente du col. Puis je repars pour une étape que je pensais suffisamment tranquille pour pouvoir récupérer un peu, mais non… Car même si l’altitude descend progressivement, ce n’est qu’au prix d’un terrain vallonné, finalement sans grand répit jusqu’à Valence-sur-Baïse. Dans des conditions, le moral est en baisse et tout devient hors de proportion : les genoux tournent comme ils peuvent, SAM_0229les cuisses ont mal encaissé le manque de préparation et la montée syncopée, le vent se fait plus gênant, le contact de la selle avec l’ischion gauche tourne comme souvent à la torture. Je suis gagné par un profond moment de découragement, cette étape sera la plus ingrate pour moi, même si physiquement elle est bien loin d’être la plus difficile. Seul mon passage tout près de Vieuzos m’arrache un sourire, car au sens propre, j’espère bien en faire… des vieux os ! Mais au sens figuré, il ne vaudrait mieux pas, pour que je puisse poursuive mon chemin.

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En fin d’après-midi, je trouve une pharmacie d’ouverte à Valence-sur-Baïse. Merveilleux ! Je vais pouvoir acheter un tube de Biafine pour calmer mes coups de soleil du jeudi. Penser à emporter de la crème solaire aurait été plus malin… mais c’est trop tard ! J’en profite pour pointer à l’officine. Le tampon de la pharmacie est bicolore, bleu et rouge… C’est mon premier en tant d’années de cyclotourisme !SAM_0280 Enfin un peu de gaîté sur mon carton jaune, ça change de tous ces tampons aux lettrages impersonnels, et invariablement noirs. Je ne suis pas pressé de repartir, mon avance est plus que confortable – malgré ma déroute dans le col d’Aspin – alors j’en profite pour faire un arrêt café. La pause me fera le plus grand bien, et la caféine sera toujours la bienvenue avant d’affronter la nuit. Quelques gouttes se font sentir, j’hésite à me recouvrir, mais elles seront finalement sans suite. Encore une étape tracée sur des grands axes, mais rien de gênant en soirée, les voitures sont plutôt rares. Le profil  de la route me semble assez plat et roulant. Une nuit noire sans lune s’installe. SAM_0295

Le déficit en sommeil commence à se faire sentir pour cette seconde nuit blanche. J’atteins Miramont-de-Guyenne en milieu de nuit, pour faire mon pointage photo. J’en profite pour m’assoupir quelques minutes sur un bout de ciment du centre commercial, un peu à l’écart de la route. Le sol dur est parfait. Il offre assez de confort pour un court arrêt, et suffisamment de rusticité pour ne pas s’endormir .

Samedi 28 juin, la nuit commence à se faire bien fraîche. En repartant, l’envie de dormir est toujours là. Je ferai trois autres pauses de quelques minutes jusqu’à Bergerac. Je pensais tourner un peu en rond pour traverser la grande ville de Dordogne… Et effectivement ce fut le cas ! Rien d’insurmontable, mais après avoir suivi les panneaux  »Toutes directions » faute d’en trouver une autre qui me convienne mieux, j’ai fait confiance à mon flair… et me suis enfin retrouvé sur la bonne voie. SAM_0311Le centre-ville à quelque chose de surréaliste cette nuit. Éclairées par les teintes orangées de l’éclairage public, d’innombrables espèces de guirlandes cotonneuses traversent les rues, suspendues à quelques mètres du sol. Pour quelle raison ces décorations ont-elles été installées ; mystère ! Entre-temps, des gouttes recommencent à tomber. Cette fois, c’est pour de vrai, elles ne se calmeront pas d’elles-mêmes… La pluie annoncée par la météo, aura finalement bien lieu. En passant dans une sorte de zone commerciale, je repère une grande benne pour matériaux recyclables. D’ordinaire je ne suis pas spécialement attiré par les poubelles, mais là, mon instinct me dit que la pluie va tomber dru, et que je peux trouver quelque chose d’intéressant ici ! Je cherche en fait de quoi renforcer l’efficacité de mon imperméable – pas très endurant en cas de fortes pluies bien têtues – et j’aimerais bien finir ce 1000 dans un minimum de confort.  Il me reste encore 250km à faire… alors sans être totalement trempé, ce sera encore mieux ! Bien vu, je trouve rapidement mon bonheur :  une sorte d’emballage noir pour filmer les palettes. La couleur n’est pas très engageante, mais comme il est propre bien entendu, j’en déchire de grands morceaux dans lesquels je m’enroule pour combattre l’humidité et la fraîcheur de la nuit. Pour éviter d’être trop ridicule quand le jour reviendra, j’essaie de ne pas en faire dépasser de l’imperméable, ça ferait mauvais genre. Une heure avant l’aube, le crachin se décide à passer à la vitesse supérieure, renforcé par le vent. Et c’est parti pour trois heures de vraie pluie ! Mussidan, Ribérac, ce sont les deux seuls villages d’importance avant le prochain pointage. Vingt-cinq fastidieux kilomètres, à chaque fois, pour atteindre l’un… Puis l’autre… Et alors Vertillac ne sera plus qu’à une dizaine de kilomètres. Comme il n’y a rien d’autre à faire dans les ténèbres fraîches et pluvieuses, alors je me concentre sur mon pédalage. Je n’ai pas sommeil, mais la fin de cette nuit est tellement longue… Elle me semble si monotone, si inintéressante avec toute cette pluie froide. Après une éternité, le ciel semble s’assécher un peu quand j’arrive à Verteillac pour y pointer ce samedi en début de matinée.

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En repartant le crachin s’épuise vite, enfin, alors je retire ma doublure improvisée avant d’avoir trop chaud… et accessoirement paraître moins engoncé aux yeux du monde ! Pour l’instant rien à craindre, personne ne semble vouloir mettre le nez dehors dans ce début de week-end frileux et si terne. Comme ils se sont montrés assez efficaces, je range soigneusement mes morceaux de bâche dans un coin de sacoche.SAM_0338

En tassant bien, je leur trouve un peu de place. Qui sait si je n’aurais pas à m’en resservir ? Avec le vent, le reste de mes vêtements sèchent vite…. Pour les pieds, il faudra attendre plus tard ! En tout début d’après-midi, de Marthon à Montembœuf, une nouvelle heure de bon crachin se profile, alors je m’emmitoufle à nouveau dans mon plastique noir ! Même si la fin du parcours vire au déluge (ce qui ne sera pas le cas), je m’en fiche, je resterai au sec. Ce sera laborieux, mais je suis sur le retour, il ne reste que les 150 derniers kilomètres à effectuer… enroulé dans  ma bâche ! Après une petite interruption, la pluie reprend en roulant vers Confolens. Le plus dur est fait, mais suivre cette D16 humide pendant des heures, me laisse vraiment l’impression d’une étape interminable. Samedi en milieu d’après-midi, SAM_0344alors que je suis en train de pointer et d’avaler mon expresso au bistro du centre-ville, c’est le retour des deux participants allemands, qui eux, ont eu l’avantage de dormir une bonne nuit. La vie est injuste, et c’est la double peine du lent : ne pas prendre trop de temps pour d’arrêter, et finalement ne pas être plus rapide ! Le retour des deux cyclos fait quand même du bien, ça faisait une éternité que je n’avais pas vu de concurrents de ce brevet… Je ne suis donc finalement pas seul au monde !

Je repars donc de Confolens pour la dernière étape. Nul doute qu’ils me repasseront en cours de route, et seront arrivés avant moi. C’en est fini de la pluie, j’y ai eu droit cinq heures en tout, ça aurait pu être pire… SAM_0348vu la météo de cette année ! Les routes redeviennent vite plus familières, le moral remonte. Grâce à de vieux souvenirs que j’ai des environs, j’arrive à éviter les pièges des routes autour d’Épanvilliers, le tracé sur la carte n’étant pas forcément très clair. Par contre, un peu plus loin, je m’égare lamentablement en essayant d’atteindre Rom. Apparemment, tous les chemins n’y mènent pas ! N’arrivant à rien, plutôt que de tourner interminablement en rond, je me décide à rejoindre Couhé. Même si je rallonge les kilomètres, j’aurai au moins de quoi me retrouver dans une bourgade digne de ce nom, et me remettre, au bon détour près, dans la bonne direction. Comme les choses ne se finissent jamais comme prévu, en traversant un chantier de construction de ligne de TGV… SAM_0354je roule sur je-ne-sais-quoi qui éventre lamentablement mon pneu arrière. Et merde, je n’étais plus bien loin de l’arrivée. Plus tard, j’apprendrai que d’autres participants se sont aussi fait piéger au même endroit ! Ce n’est pas le moment de se décourager, alors je fouille dans mon bric-à-brac anti poisse, pour entreprendre la réparation de fortune du flanc du pneu lacéré. Le résultat n’est pas forcément le plus esthétique qui soit, mais pour les kilomètres qui restent… ça tiendra ! SAM_0367En passant par Pouzeau – enfin revenu sur la bonne route – je me fais doubler par un autre participant, bien trop rapide pour être suivi. Saint-Sauvant, Rouillé, Sanxay, la fin est proche. Cette fois, il faudrait que je le fasse vraiment exprès pour arriver à me perdre. Juste à la tombée du jour ce samedi soir, je me trouve enfin devant le panneau d’entrée de Ménigoute, pour y faire le pointage photo final. Je dépose ensuite mon carton jaune dans la boîte aux lettres d’Yvan,SAM_0370 notre organisateur. Personne à l’horizon, alors je repars direction Poitiers par la D3, pour prendre le premier train pour Paris, le dimanche matin. La route me paraîtra longue, mais je ne suis pas pressé, il me reste toute la nuit devant moi ! Le flanc du pneu rafistolé tiendra bon, et une fois arrivé, je m’assoupirai devant la gare en attendant son ouverture… Fin de l’aventure.

 

Pour en savoir plus :
le parcours ICI
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