Le BRM 300 km d’Andrésy – 6 avril 2019

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4h du matin, c’est l’horaire habituel pour prendre le départ d’un BRM de 300km. Année de Paris-Brest-Paris oblige, nous sommes assez nombreux, largement la centaine. Rien à voir avec le nombre de participants que l’on peut trouver sur les brevets organisés par la maison mère – l’Audax Club Parisien – à Noisiel, mais le nombre est honorable. Après les formalités d’usage et mon petit carton jaune en main, je m’élance dans un groupe d’une vingtaine de cyclos. Très vite je ne suis pas dans le rythme, pas d’énergie, pas bien réveillé, je perds mes compagnons dans le dédale urbain de Cergy ou de Vauréal, je ne sais pas trop. J’aperçois une direction Courdimanche et pense pouvoir rattraper le bon chemin. Je traverse tout le village et me retrouve face à la direction Triel / Seine. Surréaliste. Je n’y crois pas mais il faut que j’accepte l’évidence : j’ai réussi à faire un demi-tour complet ! Je n’ai plus qu’à retraverser tout Courdimanche dans l’autre sens et repartir par où j’étais venu, sur la route à travers champs. La nuit est lourde, froide, opaque ; pas de lune et à peine quelques étoiles. Pas beaucoup d’aide de ce côté-là. J’arrive à rejoindre finalement Boissy-l’Aillrerie avec un retard plutôt conséquent. Je rattrape un trio de cyclos – qui se transforme vite fait en duo – à Ableige… comme quoi je n’ai peut-être pas perdu autant de temps que je le pensais. Rendu à ma condition de randonneur solitaire, les directions de la feuille de route sont improbables pour qui ne connait pas le parcours ou n’a pas de GPS. Je cumule hélas les deux catégories… et en conséquence les égarements nocturnes. Les loupiotes rouges d’autres participants, au loin, me permettent parfois de limiter les dégâts… Puis après une traversée hésitante de Gisors, l’aube se lève encore emmitouflée dans quelques lambeaux de draps brumeux en atteignant Saint-Paer. Je ne suis pas mécontent du retour du jour, en espérant qu’il rendra le chemin plus clair. Le petit matin effeuille quelques degrés et il en reste plus que deux au-dessus de zéro. J’ai froid aux pieds et mes jambières avachies n’en finissent pas de tomber, même au bout de quelques minutes. Pour ne pas être tenté de les remettre une prochaine fois, et parce qu’elles m’ont franchement emmerdé il faut bien le dire, je m’en débarrasse dans une poubelle de Lyons-la-Forêt. Le charmant petit village sert de premier pointage pour ce brevet, souvenir du printemps dernier où j’ai enquillé pour les BCN / BPF : l’Eure, l’Orne et la Seine-Maritime d’un seul coup !

Pas mal de cyclos sont encore éparpillés dans le village pour faire tamponner leur carton jaune. Comme quoi je n’ai pas perdu tellement de temps en m’égarant, même s’ils ont sans doute pris le départ après moi… Et c’est reparti dans le petit matin frais. Sans les jambières on sent bien la différence, mais la température finira bien par remonter. La D321 est assez passante ce samedi, malgré l’heure matinale. Une vingtaine de kilomètres pas forcément agréable, mais rien de grave, il y a pire comme route. Après Romilly-sur-Andèle, le chemin continue plus tranquille. Je m’attarde quelques instants pour profiter de la vue sur le viaduc d’Orival, et après une première étape plutôt plate, voici enfin une longue bosse peinarde traversant la Forêt de la Londe-Rouvray. Elle permet d’accéder au pointage de La Bouille. Encore un joli petit village… et pas mal de vélos pour l’occasion. Nous sommes encore beaucoup à tenir dans des délais très proches, c’est bon signe.

Avant de reprendre la route, je me découvre largement pour profiter du soleil printanier… revigorant, mais finalement toujours un peu frais. En tout cas ça fait du bien. Quasiment la moitié du parcours est faite, et c’est reparti par les berges de Seine. En s’éloignant du cours du fleuve, l’étape devient vallonnée. Beaucoup de monde cette fin de matinée dans les rues de Bourg-Achard. Puis aussitôt rendu à la campagne, la route redevient paisible en ressortant de la petite ville. La fin de cette courte étape est plate, et au bout d’une trentaine de kilomètres à peine, j’arrive en tout début d’après-midi au troisième pointage de Montfort-sur Risle. Le plus gros est fait.

80km pour atteindre Vernon, et le vent déjà ressenti sur l’étape précédente devient franchement gênant. Au bout de quelques kilomètres je rejoins la voie verte, construite sur les vestiges de l’ancienne voie SNCF menant à Evreux. La tour Saint-Nicolas de l’abbaye du Bec-Helloin domine le paysage de la rive d’en face. Le parcours bordé d’arbres est tranquille et la végétation isole un peu du vent… mais pas de l’ennui ! Le chant de la brise et surtout celui des oiseaux, est interrompu par le passage de l’autoroute A28, formant une saignée dans le paysage et une trouée de silence. Avant de quitter la piste et sa trentaine de kilomètres aussi plats que monotones, la vue de quelques éoliennes tournant joyeusement dans mon axe me confirme que le vent est bien là, et pas juste un ressenti. À Sacquenville, un cyclo arrêté me lance un : « après Vernon y’aura plus de vent ! » J’en doute un peu, mais peut-être lit-il dans mes pensées. La deuxième partie de cette étape présente de longues bosses, sans pour autant avoir des pentes très prononcées, mais un peu usantes à cause du souffle. Le cimetière de la Chapelle-Réanville m’offre enfin l’eau que je cherchais depuis longtemps pour mes bidons. Vernon n’est plus qu’à une dizaine de kilomètres, et en compagnie d’un cyclo au GPS capricieux, nous nous égarons en essayant de ressortir de la ville après y avoir pointé.

Finalement nous retrouvons le bon chemin. Moralité quand un GPS indique une direction et la carte une autre à l’opposé, mieux vaut faire confiance au bon vieux papier ! Pendant ce temps, le ciel a pris une inquiétante teinte anthracite. J’hésite à me recouvrir et préfère jouer l’optimisme. Comme prédit à Sacquenville, le vent s’atténue vite, et les nuages en profitent pour devenir moins menaçants ; un vrai petit miracle ! Après une partie plate et roulante, cette dernière étape offre quelques longues bosses comme celle en sortie de Meulan faisant gagner 140m de dénivelé. Il faudra ensuite attendre Chanteloup-les-Vignes pour se laisser glisser dans la bonne descente serpentant à travers la ville. Andrésy n’est plus qu’à deux pas pour boucler ces 300km en fin d’après-midi… sans une goutte de pluie… qui arrivera une heure plus tard !

Pour en savoir plus :
le parcours ICI
le lien Openrunner LA
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